Lucy Maud Montgomery : Lucy Maud.... avec un e

L.M. Montgomery Collection, Archival & Special Collections, University of Guelph Library
Nora Lefurgey. Cavendish.1895. LMM.


I have lost my mind by spells and I do not dare think what I may do in those spells. May God forgive me and I hope everyone else will forgive me even if they cannot understand. My position is too awful to endure and nobody realizes it. What an end to a life in which I tried always to do my best.
Lucy Maud Montgomery.
Mary Henley Rubio. Élizabeth Hillman Waterston.  The Complete Journals of L.M. Montgomery: The PEI Years, 1889-1900

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Dans les années 80, au cours d’une croisière sur le fleuve Saint-Laurent, je fis escale à Saint-Pierre - et Miquelon, Percé, Gaspé et Charlottetown. À cette époque, je connaissais la réputation notoire de Lucy Maud Montgomery.

J’appréciais le caractère intrépide de sa principale héroïne, Anne… avec un e que l’on pouvait découvrir à la télévision. Cependant, je n’avais lu aucune œuvre de cette écrivaine. Fait étrange puisque depuis toujours j’appréciais ce type de protagoniste excentrique issu d’un Olympe littéraire fascinant soit Alice, Huckleberry Finn, Oliver Twist, voire Fifi Brin d’acier.
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À notre arrivée près de l’Île-du-Prince-Édouard, je fus fascinée par les couleurs étincelantes des côtes. Le littoral offrait des contrastes éblouissants. Le bleu de la mer se heurtait au rouge du grès de ces falaises interminables. Le vert ardent des vallées invitait à la promenade, à la randonnée et au pique-nique. Lorsque nous accostâmes à Charlottetown, la musique des cornemuses s’éleva sur le pont. Ce fut la bienvenue des habitants de cette région accueillante, colorée et mystérieuse.

Les maisons de toutes couleurs transforment cette ville hospitalière en village victorien de conte de fées. Je me souviens d’un délicieux repas de fruits de mer et bien sûr, d’une exquise glace à la fraise. Ce fut un court séjour dans cette région, une escale rapide en guise de préliminaire avant ma première rencontre littéraire avec Anne et sa créatrice… à ma courte honte, je n’ai visité ni Avonlea, village imaginaire conçu selon l’univers de la série, ni la maison aux célèbres pignons verts.

Je dois cet intérêt soudain à l’avènement de la nouvelle série diffusée sur les ondes de CBC : Anne… À la suite du visionnement des premiers épisodes, je fus submergée d’un désir fulgurant de rattraper le temps perdu. Je tenais à découvrir le monde fascinant de cette petite orpheline à l’imagination intarissable.

J’entrai tête baissée dans l’univers de Lucy Maud Montgomery.



Née en 1874 à Clifton, Île-du-Prince-Édouard, Lucy connait une enfance assez difficile. Âgée seulement de deux ans, elle perd sa mère. Cette dernière succombe à la tuberculose. Son père renonce à élever sa fille et la confie à ses parents. Il quitte son île pour s’établir dans l’Ouest canadien. Lucy sera élevée par ses grands-parents. Presbytériens, ils lui inculquent une éducation austère. Responsables du bureau de poste de Cavendish, ils offrent à la petite un terrain de jeux singuliers. Un monde de papier, de lettres, de dialogues impromptus avec les habitants, d’échanges littéraires précoces avec le monde réel et imaginaire.

Lucy Maud Montgomery découvre le monde par les lettres…

Sa vie fut remplie de bonheurs et de désespoirs. À l’adolescence, son père vint la chercher pour habiter avec lui et sa nouvelle épouse, dans l’Ouest canadien. Malheureuse, elle retourna vivre dans son île magique avec sa grand-mère. Après de multiples refus, sa carrière littéraire débuta par le succès universel de sa jeune orpheline. Onze livres seront publiés par la suite. Elle épousa un révérend presbytérien, déménagea en Ontario et eut trois enfants, des garçons. Pas de fille pour la créatrice d’Anne !

L. M. Montgomery, telle son illustre héroïne, oscilla toujours d’un équilibre précaire entre optimiste et pessimiste. Lors de son décès, certains prétendent qu’une note issue de son journal fut retrouvée sur le sol, près de son lit. Certains affirment que cette disparition n’était pas naturelle et que cette feuille perdue constitue des aveux de son mal de vivre.

Qui sait ? Il appartient à chacun de croire ou non à ce mystère. Il semble que cette grande dame de la littérature avait tout, sauf peut-être comme sa petite Ann-e, un monde digne de son univers merveilleux, pays coloré dans lequel le e indispensable à son bien-être, était absent.

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Lucy Maud Montgomery: The Gift of Wings, by Mary Henley Rubio, Doubleday Canada, 684 pages

Image :
Nora Lefurgey. Cavendish. IPE. Photo prise par Lucy Maud Montgomery sur la plage. 1895.
Remerciement à monsieur Ryan Kirby pour son aide.
L.M. Montgomery Collection, Archival & Special Collections, University of Guelph Library


Liens :
Lucy Maud Montgomery Institute. Bibliothèque Robertson de l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard

Université de Guelph. Centre de recherche Lucy Maud Montgomery

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