Denys Finch Hatton, lorsqu’il revenait de ses safaris, avait l’habitude de passer quelques temps à la ferme ; […] Il nous arrivait quelquefois d’envisager la possibilité de mon départ. Lui-même considérait l’Afrique comme son pays. Karen Blixen. La tombe sur la montagne. La ferme africaine.
Lecteur insatiable, Denys Finch Hatton ne fut pas un écrivain. Il fut la muse de plusieurs plumes africaines. Amant de la littérature, amant de l’Afrique, amant tout court, ce gentleman inspira moult impressions. La liste de ses admirateurs est impressionnante : The Eton College Chronicle (1931) : Karen Blixen ; la ferme africaine (1937): Silence Will Speak (1977), Errol Trzebinski : The Lives of Beryl Markham (1993), Errol Trzebinski : Out of Isak Dinesen (1998), Linda G. Donelson: Too Close to the Sun: The Life and Times of Denys Finch Hatton (2006), Sara Wheeler.
En 1911, à la suite d’un voyage en Afrique du Sud, il se dirigea vers l’est. Il acheta une résidence au Kenya et s’y établit. Il ne supporta jamais la sédentarité. Pas de cage, s’il vous plaît. Il se mit à parcourir les grands espaces. Chasseur émérite, il se lia d’amitié avec les habitants du pays et organisa sa vie autour de Nairobi, de Mombasa, des monts Ngong et des manyattas des massais.
En 1922, sa relation avec Karen Blixen s’intensifia. Après le divorce de cette dernière, il s’installa à la ferme. Ceux qui se souviennent de l’excellent film de Sydney Pollack, Souvenirs d’Afrique, se rappelleront avec plaisir, cette scène ou Denys, Cole et Karen terminent leur dîner. Denys réclama alors une histoire. Conteuse émérite, la baronne les entraîna alors dans son sillage imaginaire toute la nuit. La bougie témoigna de l’excellente qualité du conte…
Amis, amants, Denys et Karen partageaient surtout l’amour de l’Afrique. En pleine période coloniale, rares étaient les colons qui se souciaient du sort des premières nations de leur empire. Les deux respectaient le continent africain et s’efforçaient de protéger les droits des nations autochtones. À l’apogée de l’Empire colonial britannique, la chasse était considérée comme une ressource naturelle en Afrique. Il va de soi que le carnage de la majorité des animaux à occasionné la disparition de plusieurs espèces. Denys était conscient des dangers des excès de l’homme blanc. Il se métamorphosait de plus en plus en africain. Un lion au service des lions. Denys mit son âme de lion solitaire au service de la faune.
Tout au long de sa vie, il conserva ses racines d’aristocrate. En safari, sous la tente, il apportait ses recueils de poésie préférés, ses disques de Rachmaninov et autres plaisirs de gentleman. Au-dessus de ses civilités, il demeura surtout un être de la nature. Plus conservateur que chasseur ; plus garde-chasse que chasseur, il respecta la faune. Il s’opposa souvent contre les excentricités funestes de ses compatriotes.
En 1931, Denys perdit la vie au cours d’un vol entre Mombasa et Nairobi. Son avion s’écrasa. Il fut enterré dans les monts Ngong à un endroit ou les lions ont l’habitude d’observer les gazelles de la plaine.
Les lions et les lionnes du Kenya demeurent au cœur de la véritable Afrique. L’Afrique se souvient de ses lions protecteurs venus d’ailleurs.
Illustrations : 1. 2. 3. : Denys Finch Hatton. 5. Errol Trzebinski.
Je suis ravie d'avoir pu trouver ce site qui m'a permis de mettre un vrai visage sur ce personnage et d'en savoir un tout petit peu plus.
RépondreSupprimerMerci!
SupprimerCe n'est pas toujours facile de trouver les informations. Pour Finch Hatton, son passage en Afrique demeure celui d'un protecteur de la nature, d'un poète de la faune.
Bonne journée!
merci pour cette belle page ! je suis en train de lire "out of afrika" , une excellente traduction du danois en allemand. ils nous font rever, karen et denys.
RépondreSupprimercordialement erika
Bonjour Erika. Merci de votre commentaire. Les oeuvres de Karen Blixen sont magnifiques. Sa passion pour l'Afrique demeure notoire.
SupprimerFinch Hatton livre un témoignage émouvant de ses pas au Kénia.
Bonne lecture!
Je viens de découvrir La Ferme africaine. Inoubliable ! J'attaque maintenant une biographie de Karen Blixen. L'aventure continue… Autre temps, autre monde…
RépondreSupprimer