[…] quand on a vu comme moi tant d’inculpés qui négligent honteusement tous leurs devoirs, on apprend à patienter avec des gens comme vous. Asseyez-vous.
Franz Kafka. Le procès.
Mademoiselle M décida d’honorer les propos de maître lutin. Elle était libre de ses mouvements, après tout. Aussi, sans se préoccuper outre mesure de la petite chose qui semble-t-il avait disparu, elle se prépara pour l’école. Elle trouva un peu suspect que sa mère ait préparé deux goûters : un pour elle et un pour Cathy-Chien. Depuis quand les chiens étaient-ils admis à la classe? Mademoiselle ne s’offusqua point également lorsque son père insista afin qu’elle chausse ses patins à glace pour l’école. Cette stratégie s’avéra efficace lorsqu’elle dû se frayer un petit chemin jusqu’à la carriole inconnue conduite par douze destriers à galurins verts. Peu importe toutes ces choses étranges, elle fonça droit vers cet autobus loufoque qui l’attendait sur le coin de la rue malgré la folle tempête qui s’amplifiait sans cesse. Elle se dit que toutes ces choses faisaient partie du Comité de la petite chose et que des explications logiques lui seraient offertes d’ici peu, en juste cause de la chose.
Pauvre Mademoiselle M, elle ne se doutait point de la gravité de la chose ! Elle s’assit à l’avant. Les trois lutins prirent place à l’arrière du chariot. Au départ du bolide, elle aperçut ses trois copains courir derrière… Cependant, elle ne s’offusqua point de la détresse de ses trois petits chenapans. Après tout, ils n’avaient qu’à se débrouiller seuls. Il y avait là matière à bouderie après l’affront du petit déjeuner. Et pourtant, M se dit qu’elle aurait dû mentionner la chose à l’étrange gobelin qui dirigeait les douze rennes sauvages. Elle tenta d’entamer un dialogue, mais ce fut en vain. Le conducteur bizarre s’arrêta brusquement devant un bâtiment qui ne ressemblait à rien à l’école de mademoiselle. Elle tenta de s’informer de cette drôle de localisation, mais en vain. Le chauffeur et les trois lutins repartirent en trombe vers le nord de la Lunocolie… Mademoiselle se retrouva seule avec Cathy-Chien au seuil d’un bistro parisien qui n’avait rien de régulier dans son esprit pour le quartier et qui surtout n’était pas son école.
Malgré tout, M entra dans le fief inconnu d’un pas décidé. Personne. Elle se sentit soudainement si ridicule qu’elle faillit rebrousser chemin. Cette idée fut rapidement oubliée, car elle voulait aller au fond des choses, mais surtout par le fait qu’un concierge l’appela du haut du premier étage. Elle ne reconnut pas le concierge de son école. Néanmoins, il se montra gentil. Légèrement craintive, M décida de le suivre dans les méandres de cette institution nouvelle. Elle se dit que tout cela devait avoir été mis en scène par le Comité de la petite chose. En réalité, elle était perplexe. M désirait remettre son devoir, passer son examen et puis revenir à la maison, sous son édredon. Du diable ! La question de cette horrible petite chose !
La classe d’examen lui sembla étrange. Une apsiole remplaçait son professeur. Les copains étaient absents. Seuls des spectateurs vraiment inusités somnolaient dans des estrades décorées de guirlandes. Des océanides occupaient la section gauche, tandis que le côté droit semblait réservé à des hamadryades… M n’eut pas le loisir de demander quelques explications. La fée des étoiles du jour, la remplaçante de son professeur, se lança dans une envolée incompréhensible qui figea mademoiselle sur place.
-- Asseyez-vous M. Votre devoir mademoiselle ! Merci, je n’ai pas toute la journée… Ah, je vois de belles choses. Des mots rares : un nacaire, une obsidiane, un échaillon, une langue-de-serpent… Je suis impressionnée. Est-ce là votre demande ?
-- Mon déshonneur… heu pardon, votre honneur, chère professeur, ceci est mon devoir d’hier soir. Je ne connais pas cette demande d’examen étrange. Par contre, je vous demande une petite explication sur ces drôles de petites choses…
-- Impossible ! Votre deuxième demande est refusée. Cette cause ne nous regarde pas. Mais continuez nous vous écoutons au sujet de cette demande d’examen de mots fort intéressants.
-- Je… je ne sais si je peux oser ajouter quelque chose à cette demande…
-- Et bien improvisez, ce n’est pas compliqué. Tout le monde est d’accord avec première liste. Nous vous accordons ce témoignage. Êtes-vous satisfaite ?
-- Je le voudrais bien, mais…
-- Nous prendrons la chose en considérations avec quelques précisions. Veuillez vous représenter devant ce comité à dix heures précises. Voilà. Je vous remercie de votre attention à la chose.
Les spectateurs se mirent à applaudir à tout rompre. M ne comprenait rien à toute cette audience remplie de choses extravagantes en demande au sujet de la petite chose. Exténuée, elle décida de quitter ce restaurant rococo complètement saugrenu et de retourner à la maison. Après tout, elle avait remis son devoir, passer son examen semble-t-il. Alors, voilà une bonne chose de faite, se dit-elle, le reste de la petite chose pouvait attendre…
Erreur considérable !!!
M se retrouva une fois de plus dans la tempête en patins à glace avec Cathy-Chien. Il n’y avait personne dans les rues. L’école était fermée. Du diable ! Cette atroce petite chose !
À ce moment, la lamie de Nouveau-Bordeaux se rua sur M, au volant d’une effrayante souffleuse à neige. Du diable ! se dit-elle. Voilà autre chose !
À suivre…
_______________
1. Illustration: Normand Hudon. La grande envolée.
Franz Kafka. Le procès.
Mademoiselle M décida d’honorer les propos de maître lutin. Elle était libre de ses mouvements, après tout. Aussi, sans se préoccuper outre mesure de la petite chose qui semble-t-il avait disparu, elle se prépara pour l’école. Elle trouva un peu suspect que sa mère ait préparé deux goûters : un pour elle et un pour Cathy-Chien. Depuis quand les chiens étaient-ils admis à la classe? Mademoiselle ne s’offusqua point également lorsque son père insista afin qu’elle chausse ses patins à glace pour l’école. Cette stratégie s’avéra efficace lorsqu’elle dû se frayer un petit chemin jusqu’à la carriole inconnue conduite par douze destriers à galurins verts. Peu importe toutes ces choses étranges, elle fonça droit vers cet autobus loufoque qui l’attendait sur le coin de la rue malgré la folle tempête qui s’amplifiait sans cesse. Elle se dit que toutes ces choses faisaient partie du Comité de la petite chose et que des explications logiques lui seraient offertes d’ici peu, en juste cause de la chose.
Pauvre Mademoiselle M, elle ne se doutait point de la gravité de la chose ! Elle s’assit à l’avant. Les trois lutins prirent place à l’arrière du chariot. Au départ du bolide, elle aperçut ses trois copains courir derrière… Cependant, elle ne s’offusqua point de la détresse de ses trois petits chenapans. Après tout, ils n’avaient qu’à se débrouiller seuls. Il y avait là matière à bouderie après l’affront du petit déjeuner. Et pourtant, M se dit qu’elle aurait dû mentionner la chose à l’étrange gobelin qui dirigeait les douze rennes sauvages. Elle tenta d’entamer un dialogue, mais ce fut en vain. Le conducteur bizarre s’arrêta brusquement devant un bâtiment qui ne ressemblait à rien à l’école de mademoiselle. Elle tenta de s’informer de cette drôle de localisation, mais en vain. Le chauffeur et les trois lutins repartirent en trombe vers le nord de la Lunocolie… Mademoiselle se retrouva seule avec Cathy-Chien au seuil d’un bistro parisien qui n’avait rien de régulier dans son esprit pour le quartier et qui surtout n’était pas son école.
Malgré tout, M entra dans le fief inconnu d’un pas décidé. Personne. Elle se sentit soudainement si ridicule qu’elle faillit rebrousser chemin. Cette idée fut rapidement oubliée, car elle voulait aller au fond des choses, mais surtout par le fait qu’un concierge l’appela du haut du premier étage. Elle ne reconnut pas le concierge de son école. Néanmoins, il se montra gentil. Légèrement craintive, M décida de le suivre dans les méandres de cette institution nouvelle. Elle se dit que tout cela devait avoir été mis en scène par le Comité de la petite chose. En réalité, elle était perplexe. M désirait remettre son devoir, passer son examen et puis revenir à la maison, sous son édredon. Du diable ! La question de cette horrible petite chose !
La classe d’examen lui sembla étrange. Une apsiole remplaçait son professeur. Les copains étaient absents. Seuls des spectateurs vraiment inusités somnolaient dans des estrades décorées de guirlandes. Des océanides occupaient la section gauche, tandis que le côté droit semblait réservé à des hamadryades… M n’eut pas le loisir de demander quelques explications. La fée des étoiles du jour, la remplaçante de son professeur, se lança dans une envolée incompréhensible qui figea mademoiselle sur place.
-- Asseyez-vous M. Votre devoir mademoiselle ! Merci, je n’ai pas toute la journée… Ah, je vois de belles choses. Des mots rares : un nacaire, une obsidiane, un échaillon, une langue-de-serpent… Je suis impressionnée. Est-ce là votre demande ?
-- Mon déshonneur… heu pardon, votre honneur, chère professeur, ceci est mon devoir d’hier soir. Je ne connais pas cette demande d’examen étrange. Par contre, je vous demande une petite explication sur ces drôles de petites choses…
-- Impossible ! Votre deuxième demande est refusée. Cette cause ne nous regarde pas. Mais continuez nous vous écoutons au sujet de cette demande d’examen de mots fort intéressants.
-- Je… je ne sais si je peux oser ajouter quelque chose à cette demande…
-- Et bien improvisez, ce n’est pas compliqué. Tout le monde est d’accord avec première liste. Nous vous accordons ce témoignage. Êtes-vous satisfaite ?
-- Je le voudrais bien, mais…
-- Nous prendrons la chose en considérations avec quelques précisions. Veuillez vous représenter devant ce comité à dix heures précises. Voilà. Je vous remercie de votre attention à la chose.
Les spectateurs se mirent à applaudir à tout rompre. M ne comprenait rien à toute cette audience remplie de choses extravagantes en demande au sujet de la petite chose. Exténuée, elle décida de quitter ce restaurant rococo complètement saugrenu et de retourner à la maison. Après tout, elle avait remis son devoir, passer son examen semble-t-il. Alors, voilà une bonne chose de faite, se dit-elle, le reste de la petite chose pouvait attendre…
Erreur considérable !!!
M se retrouva une fois de plus dans la tempête en patins à glace avec Cathy-Chien. Il n’y avait personne dans les rues. L’école était fermée. Du diable ! Cette atroce petite chose !
À ce moment, la lamie de Nouveau-Bordeaux se rua sur M, au volant d’une effrayante souffleuse à neige. Du diable ! se dit-elle. Voilà autre chose !
À suivre…
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1. Illustration: Normand Hudon. La grande envolée.
Une apsiole, vraiment?
RépondreSupprimer===
des galurins verts,
des chiens admis,
un autobus loufoque,
une pauvre demoiselle.
des estrades décorées de guirlandes
et des océanide occupées
tout cela est joli
--je le prends comme un cadeau
d'anniversaire.
Je viens d'avoir 40 ans.
//Les spectateurs se mirent à applaudir à tout rompre.//
Il ne manquait plus que cela.
:-)
bravo!
Joyeux anniversaire, monsieur Reading!!!
RépondreSupprimerDe ma lointaine Lunocolie,je vous offre mes meilleurs voeux et vous souhaite la quarantaine pleine de douces folies!!!
Des apsioles, des galurins verts... tout ce que vous désirez!!!
Bonne fête!