Journées de lecture : Proust à Sainte-Foy, Hélène de Billy

 

Hélène de Billy. Proust à Sainte-Foy

L’ombre, le silence et la solitude, en abattant sur moi leurs chapes épaisses, m’ont obligé de recréer en moi toutes les lumières et les musiques et les frémissements de la nature du monde.

Marcel Proust. Le moi spirituel. Journées de lecture.

Il y a quelque temps, j’ai eu le plaisir de croiser les pas d’Hélène de Billy. Dans le cadre d’une rencontre amicale portant sur la carrière de mon père, je lui ai remis des documents d’archives afin qu’elle puisse scénariser un documentaire sur les bandes dessinées québécoises et belges. Une pause thé, café et croissants autour du monde de Tintin, du capitaine Haddock et du Capitaine Bonhomme. Ce fut fort agréable. Le sens de l’humour d’Hélène ne laisse personne indifférent. Il en va de même de l’omniprésence de sa poésie.

Journaliste, scénariste et auteur, Hélène de Billy aime voyager sur papier en compagnie d’artistes singuliers ainsi que dans l’ombre et la lumière de la nature. Perec, Riopelle, Hergé et Proust lui donnent des ailes créatrices de mouvements.

Ce fut avec beaucoup de joie que je découvris sa nouvelle œuvre en librairie. Proust à Sainte-Foy. Un roman choral se déroulant dans le cœur du vieux Québec, dans une résidence pour personnes retraitées. À l’évidence, l’humour prime par-dessus tout chez l’auteur. La page couverture nous aiguillonne déjà le regard allant de la binette archi romantique de Proust, au verre de Bloody Mary en guise d’encrier jusqu’au céleri-plume servant de lance de guerre et de paix !

La prisonnière de la chambre close se rebiffe, refuse le cloître et se délecte de promenades parfois du côté des cafés-Swann de la rue Cartier et quelquefois du côté des salons de thé-Guermantes du château Frontenac. Le vent de liberté de la terrasse Dufferin l’amène dans l’univers de Proust malgré elle. Les filles fières et solidaires de la vieille dame lui proposent la lecture du temps retrouvé. Odette, Albertine, Gilberte et cie ouvrent la chasse au bonheur éternel par les mots écrits et la musique des mots. Un thérapeute téméraire propose un traitement de choc littéraire ; la lecture de À la recherche du temps perdu

Nous voilà plongé en pleine mémoire involontaire. La magie de la petite madeleine nous emporte dans un monde heureux ou tout redevient possible. La mémoire volontaire refait parfois surface à l’aube d’une fenêtre ouverte sur la mère. Longtemps je me suis couché de bonne heure devient la petite musique de Vinteuil qui guérit le mal de vivre de Marquise… et alimente le bien-être de son fan-club littéraire.

L’ombre des jeunes filles en fleurs transcende le quotidien de Marquise, rompt le silence de l’ermitage et fracasse la solitude de ces gens que l’on dit trop vieux pour se débrouiller seul.

Longtemps et dans le temps… de très belles journées de lecture. Un roman à découvrir, à savourer lentement, avec une tasse de thé, quelques madeleines et le Clair de lune de Debussy.

 

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