La sarabande du cerf : de l’amélanchier au pommetier

 

Amélanchier sauvage

Le plus extraordinaire de tous était l'amélanchier. Dès le premier printemps, avant toute feuillaison, même la sienne, il tendait une échelle aux fleurs blanches du sous-bois, à elles seulement; quand elles y étaient montées, il devenait une grande girandole, un merveilleux bouquet de vocalises, au milieu d'ailes muettes et furtives, qui annonçaient le retour des oiseaux. Jaques Ferron. L’amélanchier

Dame nature se montra fort capricieuse tout l’été. Cette manie de la danse de la pluie, de la gavotte du vent, de la valse des grêlons et du chant du tonnerre temporisa mes ardeurs de randonneurs. Les cieux peu cléments me donnèrent des crises de sédentarité forcée. Je me mis donc aux mille et un menus travaux accumulés sur des listes semées de-ci de-là au cours des années…

Teinture des meubles en pin de la terrasse, teinture des meubles en érable du salon, teinture de la table en chêne de la salle à manger, teinture des bois de tous les coins perdus de la nichée… Des bois extérieurs inatteignables, je me tournai vers les bois intérieurs. La tempête à du bon. La maisonnée est proprette, propice à la relaxation, à la méditation, au partage de l’heure du thé, à la musique d’ambiance… à l’attente du retour du soleil.

De l’amélanchier au pommetier, je me suis tout de même organisée pour converser avec les saisons. Entre deux averses, trois canicules et de multiples séances de rénovations intérieures, j’ai parcouru les divers sentiers de la montagne. Les faucons naviguent toujours avec force sur la falaise et ont donné le jour à trois fauconneaux. Les urubus patrouillent en silence le mont et la rivière. Les cerfs de Virginie me sont apparus comme par magie au détour d’un sentier, panaches en tête, et deux faons en surprise. Ce fut un moment magnifique.

Amélanchier. Bois Les amis de la montagne se sont faits plus rares, comme moi, sur les chemins. J’ai surtout conversé avec les pros, ceux et celles qui se baladent tout le long de l’année. Surtout avec une autre M, une dame fée qui connaît tous les secrets des plantes des bois… ou presque. Je dis presque puisqu’elle ne connaissait pas le fameux amélanchier.

Tout en parlant d’oiseaux sur la falaise, je lui mentionnais le fameux amélanchier que l’on surnomme aussi l’arbre aux oiseaux depuis la nuit des temps. Un arbre somme tout fabuleux puisqu’il fournit une baie ou petite poire que les cris appellent Saskatoon ou cri d’oiseau ! Le fruit suspect s’avère délicieux lorsque transformé en gelée ou confiture. Je lui parlai de la poésie de Ferron en espérant éveiller d’autant plus sa curiosité sur l’arbre mystique…

Quelque temps après ce dialogue d’oiseaux, je croisai les pas de cette dame des Balkans, installée au Québec depuis une dizaine d’années. Elle m’annonça avec fierté et plaisir que les confitures de l’amélanchier ont fait un tabac dans la famille. Toute la maison a adoré la nouvelle merveille sucrée.

Amélanchier. Petites poires

Alors, je vais récidiver avec le pommetier…

Il pleut. Et alors, ce n’est pas une raison pour oublier les poètes et leurs sarabandes.

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