La sarabande du cerf

 

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Henry était là avec le chien, qui était assis sur son pied, aussi nonchalant qu’un homme attendant l’autobus. Craig Johnson. Dark horse.

Qui est le drôle qui décréta que le mois de mai était joli ? Il pleut des cordes sur mes terres natales depuis 6 jours. Et les perspectives des jours à venir ne sont pas plus ensoleillées. Certaines régions du globe sont dévastées par les inondations, les ouragans ou autres catastrophes… Non. Le printemps fait la tête à la planète. Et ce n’est pas la faute de dame nature. Cette crise printanière demeure le résultat de notre énorme bêtise humaine.

Cela dit, j’ai un aveu à vous faire. Je n’ai pas salué la falaise du mont Saint-Hilaire depuis le mois de novembre dernier. Résultat, la reprise des expéditions au cœur de ma vie sauvage s’avère un véritable exploit. Les premières tentatives se sont avérées fructueuses, mais difficiles sur les muscles. J’ai malgré tout admiré la floraison des trilles et des violettes. Cependant, j’ai eu l’impression de revenir d’un vol Soyouz aux côtés du commandant Chris Handfield. Les bains chauds et les crèmes analgésiques ont calmé mes complaintes. Je demeure toutefois déterminée à poursuivre mes promenades dans les bois sauvages qui habitent au coin de ma rue.

Si seulement ce joli mois de mai pouvait retrouver sa véritable nature.

Entre temps, je surveille un peu plus le gluten présent sur les menus et cache les croustilles au fromage dans les placards. Ce qui devrait favoriser le retour de la forme de mademoiselle M. Ce ne sont pas quelques petites livres en trop qui vont restreindre mes passions nature. Dans quelques jours, la forme sera de retour et les imperfections accumulées au cours de l’hiver s’envoleront avec le retour de l’été et des fauconneaux.

Si seulement le mois de mai pouvait allumer les cellules grises de nos politiques.

Les changements climatiques se répercutent sur l’ensemble du monde et ce, dans toutes les sphères étatiques. Même le très select people que l’on surnomme le 1 % ou les happy few de la finance et d’ailleurs se doit de composer avec les crises atmosphériques. Même avec des milliards de rentes dans les paradis fiscaux ou ailleurs, quand il pleut des grêlons sur la Mercédès ou que la terre s’effondre sous le manoir, il doit bien y avoir quelques cloches qui sonnent l’alarme.

Au cours de l’été, je vous parlerai des faucons qui sont de retour sur la falaise, des urubus qui valsent autour des escarpements rocher, de la petite buse qui vient me saluer entre deux vols, des couleuvres qui dessinent des mandalas sur la piste des bouleaux, des grenouilles vertes qui se préparent au grand concert de juin, des tamias qui s’inventent un garde-manger gargantuesque et des cerfs qui dansent sous les feuillus secrets de la montagne.

Si seulement la pluie pouvait oublier le mois de mai pour se manifester.

Alors, je vous suggère une belle lecture en attendant le retour du soleil. Les romans de Craig Johnson s’inscrivent dans la lignée des œuvres dites Nature writing. Walt Longmire, le shérif de la ville imaginaire d’Absalon, dans le Wyoming à la frontière du Montana, demeure un survivant des terres sauvages de l’Ouest américain. À la direction de son équipe colorée, il s’avère un fidèle complice de la nature. Les intrigues traitent toujours de sujets difficiles, graves et reflètent l’actualité. La faune y est omniprésente. Longmire préfère la compagnie du loup, de la chouette et du bison afin de résoudre certains mystères. Les chevaux sont évidemment préférables comme compagnons de voyage dans cette contrée.

trille_rouge. G Nadeau Si seulement ce nuage de mai pouvait disparaître…

À suivre…

 

Sarabande. J. S. Bach

 

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