En visionnant cette excellente et rarissime interview de l’auteur Annie Proulx, je réalisais à quel point le partage des impressions sur le processus de l’écriture est important. Il ne s’agit pas de secret ni encore moins de recettes toutes faites. Il s’agit surtout d’explorer le travail de l’auteur d’une manière concrète au quotidien. De comprendre et de découvrir ce qui le motive et lui permet de réaliser une œuvre. Cette invitation dans le monde d’un auteur nous révèle la grande intériorité de cette profession. L’écrivain n’est pas bavard. Il écrit. Il décrit en illustrant ce qu’il ressent. Je dis bien illustrer. Dire ce qu’il voit. Il nous entraîne à l’intérieur de lui afin de partager le regard qu’il a sur le thème qu’il a choisi.
Je trouvai fascinantes et intéressantes ses explications sur l’évolution de son processus d’écriture. Son dernier roman, C’est très bien comme ça, se déroule au Wyoming, un état américain qu’elle adore et qui la passionne. Cette terre de l’Ouest américain devient le protagoniste principal, le point de départ de l’ensemble de son travail. Inutile de tenter d’écrire un roman sur un sujet qui ne nous intéresse pas. La connaissance de ce territoire-personnage devient essentielle. Cet espace est le théâtre du livre que l’on veut écrire. C’est la base de l’histoire qu’Annie Proulx développera par la suite, l’endroit qu’elle a choisi pour faire évoluer ses personnages.
L’étude de l’histoire de cette région, la géographie, les caractères sociaux d’hier et d’aujourd’hui apportent une foule de renseignements à l’auteur. Les légendes et les faits divers se bousculent sur les carnets de notes. Au fur et à mesure que les recherches progressent, les personnages se dessinent et se peaufinent. Les caractères se précisent selon les différentes situations possibles et impossibles. Le récit se crée tout au long de ce processus de recherche et d’écriture. Plusieurs idées naissent ainsi tout le long de la route. La scénarisation du roman se précise et génère un premier synopsis.
Fascinée par l’Histoire en général, elle travaille presque toujours avec ce processus pour la réalisation de ses œuvres. Lorsque les recherches et les préparatifs lui semblent adéquats, elle entreprend l’écriture du roman. Le temps nécessaire à la rédaction varie selon l’œuvre. L’écriture complète peut s’échelonner sur une période de trois à six mois, voire plusieurs années. Cette périodicité appartient à chaque auteur.
Personnellement, je favorise ce processus d’écriture. Je ne saurai imaginer procéder autrement. Le travail de recherche constant entraîne une évolution cohérente à toute l’histoire. Les écarts de route sont vite décelés et plus facilement corrigibles. Le processus de l’écriture révèle l’importance de la préparation. La scénarisation représente une partie essentielle du travail de l’auteur. Ce processus nous permet de définir l’ensemble du roman que nous désirons créer.
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1.Illustration: Frank Cadogan Cowper. The love letter
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