Chambre avec vue : le château Frontenac

 

Château Frontenac vue du parc des Gouverneurs

 

Le parc des Gouverneurs offre un îlot de verdure et de fraîcheur aux promeneurs. Les gens du quartier viennent promener leurs chiens et les voyageurs du jour se baladent dans les allées sous les arbres centenaires. Le parc est situé devant le fleuve Saint-Laurent et se love entre le château Frontenac, la terrasse Dufferin et les hôtels et manoirs de la rue Sainte-Geneviève qui partagent les environs. Le parc est un refuge de paix pour les promeneurs, les écureuils et les oiseaux de la haute et basse ville…

Je discute un moment avec un tamia haut perché sur un banc. Il est rond comme six noisettes. C’est un châtelain. Il a ses entrées au château. C’est certain. Le soleil perce au travers les branches des chênes, le vent caresse les feuilles. Un temps idéal pour me laisser bercer par les effluves du jour. Le fleuve est légèrement agité. Je le vois et je l’entends ronronner de rive en rive. La terrasse est resplendissante. Les explorateurs arpentent sans relâche la promenade avec la lenteur des gens qui ont le bonheur au cœur.

Le château se dresse à ma droite. Je le regarde et respire l’ampleur de cette histoire qui se perd dans la nuit des temps. Immense, il domine le cap Diamant depuis si longtemps. Au début de la Nouvelle-France, il se nommait château Saint-Louis pour le sieur Champlain, puis il est devenu le château Frontenac. Construit puis détruit maintes et maintes fois, les plus grands architectes ont imaginé au fil des ans ses allures européennes : W.H. Lynn, Roth et Tilden… Mais surtout Bruce Price. Je ne veux pas te raconter l’histoire de l’histoire de ce château. Je veux simplement me balader avec toi dans les pas de cette merveille qui nous rappelle jour après jour… que nous venons de loin. D’un royaume ancien outre les Océans. D’une certaine France... et d’ailleurs.

Château Frontenac. Vue de la rue Mont-Carmel

L’entrée de la rue Mont-Carmel est moins connue que celle de la rue Saint-Louis. Elle est réservée aux habitués du parc des Gouverneurs. Je m’engouffre doucement sous les arches, là où le vent aime à se montrer féroce, surtout en hiver. Le débarcadère déborde de vie. Il y a toujours de l’agitation autour de l’entrée principale du Château. Les voitures arrivent comme de nobles fiacres, se garent devant les portes immenses et prennent la pose qui s’impose. Les vacanciers arrivent, confient malles et voitures aux portiers du géant. Un va-et-vient incessant s’opère dans cette rue étroite.

Je me souviens de mes séjours au grand château. L’aile Pratte était dans ma tête d’enfant la résidence du frère Toc et des compagnons d’armes de Robin des Bois. Je croyais fermement à cette histoire inventée de toutes pièces par mon père afin de me faire patienter dans la voiture, au cours du voyage. Je regarde encore l’horloge du frère Toc avec un certain doute… On ne sait jamais. J’ai séjourné plusieurs fois entre les murs de l’établissement. Toutes les saisons ont défilé : été, hiver, automne et printemps. Les quatre pattes étaient du voyage. Je promenais les Cathy-Chien dans les rues de la vieille ville tandis que les chats ronronnaient sous les canapés.

Château Frontenac. Vue de la rue Mont-carmel 2

Les portes tournantes glissent sous la poussée de mes mains. Je me retrouve une fois de plus dans le hall immense de l’hôtel. Rien à changer. Les comptoirs, les ascenseurs, les escaliers brillent de mille feux ! La clientèle se mêle aux promeneurs sans anicroche. On vient au château pour y séjourner, pour s’y promener ou pour s’y restaurer. Toutes les raisons sont bonnes pour prendre le fond de l’air au sieur Frontenac.

L’été fut exécrable au Québec. La canicule des derniers jours nous a ravi le sommeil. Cet après-midi, les dieux se montrent cléments. C’est probablement la plus belle journée de la saison. Alors, il y a foule partout dans le Vieux-Québec et particulièrement au château. Je déambule lentement parmi les gens. Je me délecte de tous ces dialectes ou langues étrangères qui gazouillent à mes oreilles. Évidemment, les Américains sont légion. L’Espagnol roucoule à qui mieux mieux, mais également, le Français, le Chinois, le Japonais, l’Allemand et le je ne sais plus… Des groupes multiples se promènent dans les allées. Des animateurs se chargent de les guider dans les méandres du roi. Près de mon cher café Roro, aujourd’hui transformé en boutique, un aristocrate de l’époque de Victoria s’entretient avec un troupeau de touristes. Des Belges, je crois. Bientôt, il les entraînera dans les repaires de l’histoire. Quelques chambres sur certains étages, les suites royales et princières. Puis, les salles de bal, les salles à dîner, les salons de thé, les lounges ; les cuisines, la blanchisserie, les garages, les piscines, les jardins, et que sais-je encore…

Souviens-toi, je ne veux pas te raconter l’histoire de l’histoire de ce magicien. Je veux simplement marcher pour toi et avec toi dans les pas de l’histoire. Château Frontenac vue du parc Montmorency. Brigitte Ostiguy

Il est tard. Je me meurs d’une pause café. Je traverse les salles, les galeries, le bar des marins. Et puis voilà, je me déniche une table de première sur la terrasse. Je t’offre ce que tu veux. Pour moi, tu le devines bien. C’est l’heure d’un fabuleux allongé simple.

Le temps d’une pause, je me laisse charmer par la vue sur la terrasse Dufferin et le fleuve…

 

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1.Illustration : Le château Frontenac. Vue du parc des Gouverneurs. Brigitte Ostiguy.

2.Illustration : Le château Frontenac. Vue du parc Montmorency. Brigitte Ostiguy.

3.Illustration : Le château Frontenac. Vue de la rue Mont-Carmel. Arcop. 1990.

4.Illustration : Ibid


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