J’eus plus de peur que de mal. L’étranger prit conscience de mes réticences et fit quelques pas vers moi avec douceur. Il posa un genou par terre, enleva son immense chapeau, puis me sourit gentiment. Mon cœur battait la chamaille. Étais-je en présence d’un orque déguisé ? D’un elfe ? Du roi des bas-fonds de New York?
-- Mademoiselle M, je te souhaite la bienvenue dans la ville du roi de l’AnoSLAM. Je suis au service de ce seigneur. Je m’appelle Grand-Pardessus… Tu vas bien ?
-- Grand-Pardessus… Si, je vais bien. Vous êtes bizarre, monsieur. Puis-je me fier sur votre conscience professionnelle de serviteur ou dois-je me méfier de votre éloquence ?
-- M… Tu es bien celle que l’on m’a décrite : téméraire, sagace et perspicace. Tu peux me faire confiance. Je te mènerai à la Terre du milieu du roi. Tes amis sont déjà prêts pour la promenade dans la ville. Nous n’attendons plus que toi.
-- Je veux bien te suivre, Grand… Pardessus. Je te suivrai à grands pas si tu me donnes l’assurance que nous trouverons la route de la déroute de l’autoroute sans trop de détours.
-- C’est promis, M… Allez, viens.
Le trajet d’un point A à un autre point, disons, B, pour faciliter la compréhension… est parfois difficile. Cependant, jamais je n’aurais imaginé rencontrer autant de détours dans un seul et même trajet. Évidemment, les voyages sont ainsi : souvent parsemés d’imprévus. Mais, il y a des limites aux détours impromptus.
Outre le fait que nous ayons suivi les pas de Grand-Pardessus à la lettre, nous avons dû contourner plusieurs obstacles semés ici et là par je ne sais quelle espèce de Chevalier noir de service. Dès le départ, il fut impossible de prendre un chemin normal. Je fais référence à ces fameux taxis jaunes qui sillonnent la ville de New York. Non. Évidemment, beaucoup trop facile pour mademoiselle M et ses Chevaliers de l’Encrier.
Nous sommes partis à pied vers notre destination. Aussitôt, une horde de chevaliers noirs gigantesques conduisant des destriers immenses se mirent à notre poursuite ! D’évidences, mon anneau les chicote…Voilà pour l’accueil. Le troubadour nous entraîna dans les ruelles sombres et inextricables de notre quartier à toute vitesse. Ce manège pourtant sage ne découragea point les imbéciles… Nous dûmes fuir dans le métro au pas de course.
Il me sembla inutile de demander quelques explications. D'ailleurs, je n’eus pas le temps de pavoiser, car grand-Pardessus nous signifia une autre attaque impromptue venant du wagon arrière du métro. Sans attendre, nous descendîmes du train inhospitalier. Décidément, la route s’avéra périlleuse pour M et les chevaliers de l’Encrier.
Les orques grognaient à qui mieux mieux derrière nous. Malgré tout, la foule ne semblait pas ce préoccuper de cette scène saugrenue. Les habitants de la terre du milieu semblaient familiers avec ce genre de quiproquo. Pas moi !
Je courus à perdre haleine vers les escaliers. Misère ! Un commando de personnages suspects me bloqua la sortie. Des orques-cyclopes de toutes tailles et couleurs m’entourèrent. À ce moment, je me souvins étonnamment des directives de Maître Guillaume. Aussitôt, je saisis l’anneau du seigneur de l’AnoSLAM qui pendait à mon cou. Rapidement, je le passai à l’index. Il s’agissait d’un cas de force majeure!
Je disparus ! Je devins invisible !
J’observai la mine déconfite des monstres autour de moi. Puis, sans détour, je décidai de prendre la poudre d’escampette… dans le tunnel du métro. Je courus pendant plusieurs minutes dans le noir. J’étais seule, perdue dans les catacombes de la ville de New York.
Lorsque je m’arrêtai pour reprendre mon souffle, j’entendis une petite voix côté nord-est. Contre toute attente, je reconnus la dame du train, la dame aux mille petits sacs. Son visage me sembla encore plus vert, ses yeux légèrement globuleux, sa voix de plus en plus nasillarde…
Peu importe. Je n’étais plus seule dans la Terre du milieu du roi de l’AnoSLAM. Dame Gulumpa venait à la rescousse de M…
À suivre…
___________
1. Illustration : Michael Hague. Les Hobbit ou histoire d’un aller et d’un retour.
Souscrire à Carnet de bord
-- Mademoiselle M, je te souhaite la bienvenue dans la ville du roi de l’AnoSLAM. Je suis au service de ce seigneur. Je m’appelle Grand-Pardessus… Tu vas bien ?
-- Grand-Pardessus… Si, je vais bien. Vous êtes bizarre, monsieur. Puis-je me fier sur votre conscience professionnelle de serviteur ou dois-je me méfier de votre éloquence ?
-- M… Tu es bien celle que l’on m’a décrite : téméraire, sagace et perspicace. Tu peux me faire confiance. Je te mènerai à la Terre du milieu du roi. Tes amis sont déjà prêts pour la promenade dans la ville. Nous n’attendons plus que toi.
-- Je veux bien te suivre, Grand… Pardessus. Je te suivrai à grands pas si tu me donnes l’assurance que nous trouverons la route de la déroute de l’autoroute sans trop de détours.
-- C’est promis, M… Allez, viens.
Le trajet d’un point A à un autre point, disons, B, pour faciliter la compréhension… est parfois difficile. Cependant, jamais je n’aurais imaginé rencontrer autant de détours dans un seul et même trajet. Évidemment, les voyages sont ainsi : souvent parsemés d’imprévus. Mais, il y a des limites aux détours impromptus.
Outre le fait que nous ayons suivi les pas de Grand-Pardessus à la lettre, nous avons dû contourner plusieurs obstacles semés ici et là par je ne sais quelle espèce de Chevalier noir de service. Dès le départ, il fut impossible de prendre un chemin normal. Je fais référence à ces fameux taxis jaunes qui sillonnent la ville de New York. Non. Évidemment, beaucoup trop facile pour mademoiselle M et ses Chevaliers de l’Encrier.
Nous sommes partis à pied vers notre destination. Aussitôt, une horde de chevaliers noirs gigantesques conduisant des destriers immenses se mirent à notre poursuite ! D’évidences, mon anneau les chicote…Voilà pour l’accueil. Le troubadour nous entraîna dans les ruelles sombres et inextricables de notre quartier à toute vitesse. Ce manège pourtant sage ne découragea point les imbéciles… Nous dûmes fuir dans le métro au pas de course.
Il me sembla inutile de demander quelques explications. D'ailleurs, je n’eus pas le temps de pavoiser, car grand-Pardessus nous signifia une autre attaque impromptue venant du wagon arrière du métro. Sans attendre, nous descendîmes du train inhospitalier. Décidément, la route s’avéra périlleuse pour M et les chevaliers de l’Encrier.
Les orques grognaient à qui mieux mieux derrière nous. Malgré tout, la foule ne semblait pas ce préoccuper de cette scène saugrenue. Les habitants de la terre du milieu semblaient familiers avec ce genre de quiproquo. Pas moi !
Je courus à perdre haleine vers les escaliers. Misère ! Un commando de personnages suspects me bloqua la sortie. Des orques-cyclopes de toutes tailles et couleurs m’entourèrent. À ce moment, je me souvins étonnamment des directives de Maître Guillaume. Aussitôt, je saisis l’anneau du seigneur de l’AnoSLAM qui pendait à mon cou. Rapidement, je le passai à l’index. Il s’agissait d’un cas de force majeure!
Je disparus ! Je devins invisible !
J’observai la mine déconfite des monstres autour de moi. Puis, sans détour, je décidai de prendre la poudre d’escampette… dans le tunnel du métro. Je courus pendant plusieurs minutes dans le noir. J’étais seule, perdue dans les catacombes de la ville de New York.
Lorsque je m’arrêtai pour reprendre mon souffle, j’entendis une petite voix côté nord-est. Contre toute attente, je reconnus la dame du train, la dame aux mille petits sacs. Son visage me sembla encore plus vert, ses yeux légèrement globuleux, sa voix de plus en plus nasillarde…
Peu importe. Je n’étais plus seule dans la Terre du milieu du roi de l’AnoSLAM. Dame Gulumpa venait à la rescousse de M…
À suivre…
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1. Illustration : Michael Hague. Les Hobbit ou histoire d’un aller et d’un retour.
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Cette terre du milieu new-yorkaise semble tourner autour de son axe, lequel passe certainement par cet anneau d'or qui vous rend invisible, selon ce principe qu'étant situé à l'intérieur de tout, on devient invisible au reste.
RépondreSupprimerIl vous remercit pour ce récit.
Le Grand-Pardessus! A grandes enjambées il chantait du genou.