Le seigneur de l'AnoSLAM 2


Depuis trois jours, il pleut sans cesse sous les cieux de mon Comté-quartier. Il pleut sur les terres des Chevaliers de l’encrier. Novembre déverse ses averses avec adresse sans cesse. Il pleut tellement que nous devons accomplir notre campagne électorale campagnarde dans les chaumières rondes de Nouveau-Bordeaux en voiture.

La rutilante Chrysler rouge nous sert de destrier. Le paternel a accepté de nous faire confiance et a consenti ce privilège avec certaines conditions. Évidemment, il était hors de question que des gamins de dix ans pourtant bien sonnés se mettent à parcourir le quartier à la recherche d’éventuels supporteurs de leur plan de survie pour le boisé, à pied et sous la pluie. Non ! Il fut convenu que toutes nos sorties seraient supervisées par notre chauffeur et jardinier bien aimé, monsieur Slam Gamivy.

Fini les chapeaux mouillés, les planchers inondés et les bains anti-influenza drastiques avant le coucher. Fini. Les chevaliers de l’encrier sont désormais sous la protection de la colère des averses et de la foudre. Le clan adverse n’a qu’à trembler devant nos tours d’adresse. Nous visiterons toutes les adresses du comté-Quartier avec tendresse. Nous poursuivrons les discours dans les cours sans détour jusqu’à la plus haute tour.

Nous poursuivrons cette histoire d’aller-retour pour l’amour de nos jours sous les jours de notre propre plus haute tour.

Samedi soir. Je suis encore enrhumée. Malgré nos nouvelles armes de combat, la pluie et le vent ont réussi à se frayer un passage sous le parapluie. Évidemment, il faut marcher de la voiture-destrier jusqu’au seuil de la demeure du voisin. Alors, plus de dix visites par heure occasionnent de formidables sources de refroidissement. Bref, j’ai pris froid sous le chapeau entre la maison de monsieur W, de madame H et entre toutes les demeures que nous avons eu l’honneur de visiter. Il faut préciser que les gens de mon quartier sont particuliers. Ils aiment bien leurs demeures et se montrent extrêmement ravis d’offrir l’hospitalité à quiconque se pointe à l’horizon. La moindre occasion devient une fête amicale. Le thé est servi, les conversations entamées, les histoires et les danses s’envolent !

Les gens de mon quartier aiment se faire raconter des histoires. Cependant, ils ne veulent pas trop d’histoires sauf celles qui racontent des allers et retours. Ils aiment demeurer dans leurs maisons. Pantouflards, ils aiment que les chevaliers partent en croisade pour les beaux jours de la plus haute tour de leur quartier d’amour pourvu qu’ils puissent dormir et rêver dans leur lit le soir.

Tous les gens de mon quartier veulent que nous accomplissions cette histoire d’aller et retour pour leurs histoires du soir.

Samedi soir. Je reviens de la campagne du jour. Cinquante rondes demeures, cinquante thé et petits sandwiches, cinquante histoires à écouter et à raconter, cinquante danses dans la cuisine, cinquante bonjours et bonsoir…

Je suis crevée. J’ai le rhume. Heureusement, Slam Gamivy me tient compagnie. Nous révisons quelques poésies pour la fête de François D. Demain soir sera un grand événement. Tout le quartier est invité. Nous ferons un grand slam pour souligner l’anniversaire de notre ami chevalier. Nous ferons un grand slam pour notre campagne de la plus haute tour.

Eh puis, selon certaines rumeurs, monsieur Guillaume serait de retour de son Guyanland. Le maître des Chevaliers de l’encrier aura sûrement quelques histoires d’aller et retour à raconter.

Selon Mademoiselle M, il y aura plusieurs détours, allers et retours dans l’histoire de cette conquête de l’AnoSLAM.

À suivre…

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1. Illustration: Michael Hagues. Les Hobbit ou Histoire d’un aller et retour.



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Commentaires

  1. tous les allers possibles
    les détours paisibles

    merci pour ce texte ici

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  2. Tout est possible dans les histoires de J.R.R. Tolkien.

    Charme de l'aller
    plaisir de l'aller et retour
    fébrilité du retour.

    Je vous sais au seuil de plusieurs grands voyages. Fébrilité de la valise, désir de l'aller sans oublier de penser au retour...

    Nous larguerons les amarres avec vous, Nina!

    Et la belle Gaëna imagine toutes sortes d'images et de couleurs pour les carnets. Et ce n'est pas terminé. La fée des bois se promène et saupoudre des rêves partout. Il y aura encore plusieurs surprises!

    Merci Gaëna

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  3. On dirait qu'il y a vraiment une forêt à sauver, et que le texte s'amuse de la réalité en la projetant sur une fable, comme fait le peintre qui travaille sur une toile déjà utilisée.

    Et au-delà des bois, il y a ces habitants dans leurs maisons, qui ne reçoivent plus de visiteurs ou presque...

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