… un chat. Un chat fatal. Le gardien de la bibliothèque des anges.
Nelligan reconnaît l’heure fatale qui lui titille l’âme. Le moment où les mots se bousculent dans son esprit et cherchent une issue, une délivrance. La naissance nocturne s’amorce sans bruit sous les couvertures, puis se glisse hors du lit en silence comme les pas d’un chat, d’un chacal en quête d’une proie innocente qui puisse offrir quelconque nourriture intellectuelle.
Nelligan devient fantôme. Il entend l’appel de l’ange gardien de la bibliothèque des anges.
Il se lève, ramasse ses petits secrets littéraires, les cache sous la chemise et à pas de loup-cervier se faufile dans le premier corridor à franchir, le pire, celui de l’interdit de circuler la nuit. Il retient son souffle et ose un regard furtif en direction du poste de garde du cerbère de service. Le diable d’homme lit son journal. Quel enfer ! La voie céleste est sous l’emprise de la dernière nouvelle du jour. Patient, sans voix, Nelligan attend le temps propice. Il songe à la promenade promise dans le rêve dérobé. Il attend, puis regarde à nouveau. Eurêka! Cette fois, l’homme est parti faire sa ronde nuit. Nelligan peut entrer dans son rêve nocturne à lui…
Nelligan devient l’ange de la nuit. Il entend les murmures du récital des anges.
Au pas de course, il s’engouffre dans les méandres de l’escalier de secours. Il effectue quelques détours en douce autour de cette cour des miracles. Le palier magique atteint, il ouvre la porte des saisons éternelles, la porte de la bibliothèque de la retraite Saint-Benoît. Après minuit, la petite chapelle des poètes est déserte. La nuit, personne ne se soucie de ce lieu de papier, d’encre et de plume. Dans la nuit, personne ne se soucie du patient Nelligan.
Le OneO’ClockDream de Nelligan n’intéresse personne et c’est tant mieux…
Le poète, celui que l’on dit fou à lier entre dans ce monde parallèle qu’il appelle la bibliothèque des anges. Un théâtre naturel créé par les poètes, peuplé par les livres de ses amis, habité par les rêves de ceux qu’il admire et aime depuis toujours. La bibliothèque des anges est sous la protection d’un être étrange. Une bête de scène à quatre pattes qui hante le vieil hospice tout le long des saisons d’hivers, mais qui se fait un printemps, la nuit venue en se prélassant et ronronnant entre les rayons de sa véritable maison : la retraite des anges…
Le OneO’clockDream de Nelligan n’intéresse que les anges gardiens et c’est tant mieux…
Le chat fatal, dès qu’il aperçoit son ami, le fou fantôme du One’OclockDream, se précipite vers lui, se roule à ses pieds et se livre à des romances d’amitiés sans fin. Le poète et le chat sont bon amis, complices et solidaires dans le secret de l’interdit des visites de nuit. Ils sont liés. Ils sont fous à lier de cette chapelle cathédrale où tous les mots dansent librement sous les étoiles rebelles.
Le poète et le chat font le tour de la merveille. Ils caressent les livres, vérifient leurs odeurs, leurs douceurs et leurs immortelles splendeurs. Bientôt, Nelligan fait un choix parmi ses amis présents. Il entend les dialogues de spectres sous les couvertures. Doucement, il étale la chorale des anges sur la grande table de la chapelle Desbois qui l’accueille au milieu de la pièce. Confortablement assis sur la vieille chaise de bois, il installe plume, encre et papier devant lui. Ce préambule nocturne, cette étude d’atmosphère spirituelle lui donne du bonheur. Au milieu des âmes des lettres, Nelligan se sent libre de sombrer dans la poésie qui le fait vivre, survivre.
Le OneO’clockDream, le spasme d’écrire s’empare de Nelligan.
Chopin dirige la chorale des anges.
Le chat se couche sur les livres, s’amuse avec les plumes, court après les boulettes de papier. Le chat et le poète s’éludent dans l’ivresse fatale de la rime, des vers, des sonnets. Personne à la retraite Saint-Benoît ne sait que ce manège secret tourne à vive allure dans la chapelle Des bois du poète. Nul ne peut imaginer que le poète et le chat vivent et écrivent la nuit sous la protection des anges.
Personne ne le saura jamais.
Personne ne le saura jamais, car Nelligan n’écrit pas de la plume, de l’encre et du papier issus de la chemise complice. Il n’écrit pas directement sur le papier caché sous la chemise. Non. Nelligan écrit dans la bibliothèque des anges. Le poète marginal écrit dans les marges blanches hivernales des livres de la bibliothèque des anges…
La retraite Saint-Benoît ne peut imaginer un tel théâtre de nuit… Sauf si un chat fatal devient fou de…
Alors, Chopin dirige le récital des archanges.
À suivre…
Nelligan reconnaît l’heure fatale qui lui titille l’âme. Le moment où les mots se bousculent dans son esprit et cherchent une issue, une délivrance. La naissance nocturne s’amorce sans bruit sous les couvertures, puis se glisse hors du lit en silence comme les pas d’un chat, d’un chacal en quête d’une proie innocente qui puisse offrir quelconque nourriture intellectuelle.
Nelligan devient fantôme. Il entend l’appel de l’ange gardien de la bibliothèque des anges.
Il se lève, ramasse ses petits secrets littéraires, les cache sous la chemise et à pas de loup-cervier se faufile dans le premier corridor à franchir, le pire, celui de l’interdit de circuler la nuit. Il retient son souffle et ose un regard furtif en direction du poste de garde du cerbère de service. Le diable d’homme lit son journal. Quel enfer ! La voie céleste est sous l’emprise de la dernière nouvelle du jour. Patient, sans voix, Nelligan attend le temps propice. Il songe à la promenade promise dans le rêve dérobé. Il attend, puis regarde à nouveau. Eurêka! Cette fois, l’homme est parti faire sa ronde nuit. Nelligan peut entrer dans son rêve nocturne à lui…
Nelligan devient l’ange de la nuit. Il entend les murmures du récital des anges.
Au pas de course, il s’engouffre dans les méandres de l’escalier de secours. Il effectue quelques détours en douce autour de cette cour des miracles. Le palier magique atteint, il ouvre la porte des saisons éternelles, la porte de la bibliothèque de la retraite Saint-Benoît. Après minuit, la petite chapelle des poètes est déserte. La nuit, personne ne se soucie de ce lieu de papier, d’encre et de plume. Dans la nuit, personne ne se soucie du patient Nelligan.
Le OneO’ClockDream de Nelligan n’intéresse personne et c’est tant mieux…
Le poète, celui que l’on dit fou à lier entre dans ce monde parallèle qu’il appelle la bibliothèque des anges. Un théâtre naturel créé par les poètes, peuplé par les livres de ses amis, habité par les rêves de ceux qu’il admire et aime depuis toujours. La bibliothèque des anges est sous la protection d’un être étrange. Une bête de scène à quatre pattes qui hante le vieil hospice tout le long des saisons d’hivers, mais qui se fait un printemps, la nuit venue en se prélassant et ronronnant entre les rayons de sa véritable maison : la retraite des anges…
Le OneO’clockDream de Nelligan n’intéresse que les anges gardiens et c’est tant mieux…
Le chat fatal, dès qu’il aperçoit son ami, le fou fantôme du One’OclockDream, se précipite vers lui, se roule à ses pieds et se livre à des romances d’amitiés sans fin. Le poète et le chat sont bon amis, complices et solidaires dans le secret de l’interdit des visites de nuit. Ils sont liés. Ils sont fous à lier de cette chapelle cathédrale où tous les mots dansent librement sous les étoiles rebelles.
Le poète et le chat font le tour de la merveille. Ils caressent les livres, vérifient leurs odeurs, leurs douceurs et leurs immortelles splendeurs. Bientôt, Nelligan fait un choix parmi ses amis présents. Il entend les dialogues de spectres sous les couvertures. Doucement, il étale la chorale des anges sur la grande table de la chapelle Desbois qui l’accueille au milieu de la pièce. Confortablement assis sur la vieille chaise de bois, il installe plume, encre et papier devant lui. Ce préambule nocturne, cette étude d’atmosphère spirituelle lui donne du bonheur. Au milieu des âmes des lettres, Nelligan se sent libre de sombrer dans la poésie qui le fait vivre, survivre.
Le OneO’clockDream, le spasme d’écrire s’empare de Nelligan.
Chopin dirige la chorale des anges.
Le chat se couche sur les livres, s’amuse avec les plumes, court après les boulettes de papier. Le chat et le poète s’éludent dans l’ivresse fatale de la rime, des vers, des sonnets. Personne à la retraite Saint-Benoît ne sait que ce manège secret tourne à vive allure dans la chapelle Des bois du poète. Nul ne peut imaginer que le poète et le chat vivent et écrivent la nuit sous la protection des anges.
Personne ne le saura jamais.
Personne ne le saura jamais, car Nelligan n’écrit pas de la plume, de l’encre et du papier issus de la chemise complice. Il n’écrit pas directement sur le papier caché sous la chemise. Non. Nelligan écrit dans la bibliothèque des anges. Le poète marginal écrit dans les marges blanches hivernales des livres de la bibliothèque des anges…
La retraite Saint-Benoît ne peut imaginer un tel théâtre de nuit… Sauf si un chat fatal devient fou de…
Alors, Chopin dirige le récital des archanges.
À suivre…
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1. Illustration: Nelligan à cinq ans (daguerréotype). Collection Nelligan-Corbeil
2. Émile Nelligan. En petite chapelle ou Chapelle dans les bois. Poèmes autographes. Collection Nelligan-Corbeil
Merci Mlle M., pour ce deuxième volet. Nelligan est certes bien heureux de vous lire lui donner du bonheur.
RépondreSupprimer>Nina: Et moi je suis en pleine lecture de votre histoire Du braille sur la peau.
RépondreSupprimerNelligan aurait aimé...
Que du bonheur!
ô. vous saurez bientôt via courriel ce que Du Braille sur la Peau fera, outre-Atlantique, ouioui.
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