La rentrée des mots 5



Madame Decastor, Monsieur Guillaume, compagnes et compagnons du clan des chevaliers, gens et amis du quartier de Nouveau-Bordeaux,

À titre de candidate à la présidence du clan, je suis fière de pouvoir exprimer les rêves de la rentrée des mots de mon quartier des rêves. Ce quartier est doté d’un boisé fabuleux qui recèle des trésors naturels que j’estime essentiels au bonheur de tous les résidents. Ce boisé est maintenant menacé de disparaître sous la coupe abusive du progrès sans scrupule proposé par certaines personnes dont les rêves sont teintés de la couleur des billets verts plutôt que ce coloris de bonheur vert si cher aux gens ordinaires.

Ce n’est pas parce que l’on a dix ans que l’on ne peut pas comprendre le rôle essentiel du progrès.

Depuis ma naissance, des bois de ce quartier ont disparu laissant la place à de nouvelles habitations, des institutions, des routes et même à de magnifiques espaces verts. Notre école a connu de nombreuses améliorations et notre bibliothèque est l’une des meilleures qui soit dans la grande métropole.

Cependant, il subsiste encore des arbres, des oiseaux et des vélos dans le quartier.

Ce n’est pas parce que l’on a dix ans que l’on ne peut pas comprendre le rôle essentiel des rêves pour le progrès.

Ce projet divise deux quartiers rivaux pour l’obtention d’une nouvelle route. Une guerre de tranchées néfaste et inutile se dessine à l’horizon. La nature tranquille de notre culture est en péril par la venue de ce projet destructeur qui envahit nos vies sans crier gare et sans tenir compte de la valeur des rêves de la rentrée des mots !

Je suis pour le progrès de la nature et de la culture ! Je suis pour le respect des rêves qui se dessinent sous ce projet innovateur vers le progrès. Personne ne peut empêcher le progrès de poursuivre sa route. Cependant, je crois fermement que ce progrès doit respecter le boisé de Nouveau-Bordeaux, le boisé de nos rêves.

À dix ans, je tiens encore aux arbres, aux oiseaux et aux vélos de mon quartier.

En tant que présidente du clan des chevaliers de l’encrier, je serai de toutes les tables de mots de négociation de ce projet dans le but d’assurer aux enfants de mon quartier que cette nouvelle autoroute ne détruira pas notre boisé, mais le respectera, le protégera et procédera à de nouvelles études de développement afin de réaliser les rêves de la rentrée des mots.

J’avais un rêve…

Celui d’un boisé, d’un quartier tranquille…

J’avais un rêve…

Celui d’une nature, d’une culture sans péril…

Le rêve des enfants de tous âges de la rentrée des mots vous appartient.

___________
1. Illustration: William Bouguereau



Commentaires

  1. Car des rêves, il y a rêver.
    Car des rêves d'enfants, il y en a toujours pour avancer,
    Pour que les rêves ne s'oublient pas :
    "Ecoutons, écoutons-les, écoutons-nous,
    La parole des rêves."

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  2. sous ce rêve vert se faufilait un désir de bon béton armé coulant entre les verveines du décatemps; sous les jupes des arbres en pleurs que seul un garde-fou s'arc-boutant de tout son fiel pourrait épousseter sans éclat, le fauve fuyant derrière les buissons du charme se défile à tire d'aile sans crier ouf : c'est l'heure du temps jaune au milieu des roseaux cristallisés, le temps d'une heure rôtie, bitumée et rosée comme le ventre d'une avenue vierge au seuil d'une ville en feu.

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