La rentrée des mots 4



L’arène des mots se dresse dans la cour des grands. Une tribune à la libre expression des membres du clan des chevaliers de l’Encrier. Des gamins de dix ans possédant toutes leurs dents, ou presque, et armés jusqu’aux dents de leurs beaux discours, de leurs rêves. L’arène des mots est une page blanche dans l’univers de la démocratie des enfants de tous âges. Ses lignes philosophiques à venir sont des espaces libres vers un meilleur avenir.

L’arène des mots du quartier est ceinturée par des tables à pique-niques vertes où siègent les membres du conseil du clan : François D, le grand roux, la petite D, le futé R et Cathy-Chien.

La presse internationale est présente afin de couvrir le débat historique : Stanley Péan, Souffledame, Reading is Dangerous, Melo, Leroy K. May, Nina Louve, Gaëna, Eipho, Édita.

Les supporteurs du clan sont réunis près d’eux, dans la cour de l’école. Les partisans de Mademoiselle M sont tout de vert vêtus, tandis que les chouchous de la petite G sont serrés comme des saucissons dans leurs chandails noir et blanc à l’effigie du progrès, de l’autoroute…

Le débat des mots de la rentrée des mots doit se dérouler dans quelques minutes. Chacune des candidates à la présidence du clan aura trois minutes pour présenter son programme. Puis, le débat des mots se poursuivra entre les deux candidates, Mademoiselle M et la petite G…

L’animation du débat de la rentrée des mots à été confiée à Madame Decastor. Une dame de qualité fort respectée par la communauté des arts et de la littérature de Nouveau-Bordeaux. Elle doit intervenir si les mots s’envolent vers des sentiers de digressions ou de vilaines attaques personnelles et hors propos comme des scandales sous les sandales ou les espadrilles pourraient faire tourbillonner les écoutilles.

Monsieur Guillaume, notre professeur, est le président du débat. Il est responsable de la bonne tenue de cet événement politique extraordinaire. Il peut intervenir, voire interrompre le débat si la moutarde des mots devient trop forte et menace la sécurité des participants sur le gaillard d’avant du clan…

La durée du débat de la rentrée des mots ne pourra excéder trente minutes…

Mademoiselle M aura trente minutes pour reconquérir la présidence du clan.

Trente minutes pour le rêve de la rentrée des mots… C’est bien peu, monsieur. C’est un peu court, madame. On pourrait dire tellement de choses, en somme, sur les rêves.

Un petit bout de vie pour exprimer que ce petit bout de route peut détruire tellement de rêves. Les rêves d’une tribu de gamins qui vénèrent leurs espaces verts comme ils respectent la liberté des mots. Les rêves de familles ordinaires qui veuillent conserver leurs droits sur le sort d’un quartier qui leur appartiennent depuis des lunes et des lunes…

Les rêves de la rentrée des mots ne sont pas ordinaires…

Ce sont les rêves des enfants des mots qui croient que le progrès peut évoluer en préservant les espaces verts, la liberté des gens ordinaires, de façon extraordinaire.

J’avais un rêve extraordinaire d’enfant ordinaire.

Désormais, l’enfance des rêves monte aux barricades de l’arène des mots extraordinaires de la cours des grands.

-- Mesdames, messieurs. Le débat de la rentrée des mots est ouvert ! À vos mots… Partez.

À suivre…

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1. Illustration: William Bouguereau.




Commentaires

  1. En direct de la cour "Rentrée des mots", je m'y perds quelque peu dans les fusées-rêves lancées par Mademoiselle M : ses mots sont panaches plaidoyants, hauts en couleurs avec l'octarine, la flambiose, le glaz, et le bloeuil comme ponctuation-clé de ce projet harmonique défendu avec ténacité.

    Tandis que la petite G ne démérite pas alors que sort de de sa bouche son anthélienne présentation, avec cette pointe de karmapaloin, tout en subtilité.

    Je dois l'avouer cette façon de discourir remporte de francs applaudissements dans le public.

    Mais ce n'est que l'entrée en matière, attendons donc la suite... En attendant, 5 erv de publicité.

    C'était djournsoufflette, en flash direct de Spot MCH.

    A vous l'antenne.

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  2. Bonjour Mlle Mireille,

    Me voilà toute euh, toute flamme. Pour les paroles de pixel, j'y suis.

    Que qui commence ? Que qui fasse un ramage avec ce beau mirage ?

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  3. >Souffledame (Djournsouflette): Vous me coupez le sifflette par votre entrée en matière de cette rentrée des mots tumultueuse! Le drame est palpable dans les moindres mots de cette couverture grandeur nature sur la culture et la nature.

    La petite G est impitoyable:

    Politique étrangère nulle!
    C'est la guerre froide des tranches de mots servis à chaud!
    C'est la culture sous mode coupure!
    C'est l'espace de la liberté des mots réduit à zéro!

    Pire! C'est la fin du boisé des rêves de M!

    >Nina Louve: Votre passion, votre poésie sont libres de s'exprimer comme bon vous semble dans l'arène des mots.

    Laissons les mots s'envoler...

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  4. Le temps de délier mes balises, défaire les bandages, poser le passefort sur la table de jour et j'arriverai. Enfin ou déjà ? Ça... ah !

    Et LeroyK May, le SuperK ? Kess qui dit lui ?

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  5. La rentrée des mots sera convulsive ou ne sera pas.

    Mademoiselle M et la petite G nous ont cassé les oreilles avec de l'asphalte verte et des oiseaux de goudron fait de bronze mou; c'était aussi décadent qu'un slam de poésie entre un ex-lofteur et un staracadémicien.

    Madame Decastor en perdit son latin après 10 secondes top chrono: le coup de Grevisse qu'elle reçut derrière la tête ne fut pas fatal, mais la catapulte de Larousse, si. Les funérailles auront lieu à Dollard-des-Ormeaux.

    Monsieur Guillaume aurait dû annuler toute l'affaire, mais incapable de cacher son profond mépris pour madame Decastor, mépris qu'il développa suite aux nombreuses avances qu'elle lui refusa, monsieur Guillaume déclara la joute nulle et s'enfuit en trottinette pour regarder Eipho, Melo et Gaëna jouer un trio de flûte en la bémol confus pour résidents d'hospices.

    Stanley Péan, pantois, fit jouer du Boris Vian pendant une semaine sur Espace Musique: "Fais-moi mal Johnny Johnny Johnny, envoie-moi au ciel!"

    C'était LeRoy K. May, en direct d'un monde parallèle près de chez vous.

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  6. >Leroy K. May:

    J'imagine que ce coup de ring portes-colères décapant-décadent est un compliment.

    J'aime la mer,Prévert et les espaces verts.

    Tu aimes l'amer, l'enfer et les bars verts

    Nos routes parallèles s'inscrivent dans les marges des pages blanches.

    Je lève et croise mes mots à toi,
    slameur dit Leroy.

    Bon vent à toi et moi,
    M dit l'arène.

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  7. Chevaliers de l’encrier

    Faire partie d’une journée des Chevaliers de l’encrier, je veux dire, aller les rencontrer, les voir, les toucher peut-être, je le savais, était un honneur. Pourtant, lorsque j’ai reçu l’invitation, je m’attendais à devoir subir une initiation en bonne et due forme. Parler, danser, chanter, me vêtir de nylons ou de cellophane…avaler du café turc jusqu’à explosion du cœur, hisser l’eau d’un puits tari, tondre la pelouse d’une équipe de rugby. Nenni, quel soulagement. Rester soi et c’est tout. C’est ce que disait la dame, cette mademoiselle M. Tant mieux, tout aise, car les carcans et les bizarreries de tout acabit ne m’attisent, ni ne m’attisent.

    J’ai donc laissé la missive face au ciel, sur la grande table de bois. À côté du violon, ces mots décachetés, cette lettre offerte qui invitait. Une semaine passa, puis une autre.

    Un mercredi d’octobre, l’index glacé par trop de clopes, en caressant de temps à autres la fourchette sternale, ce, avant même que l’aube s’appelle aurore, je commençai donc la rédaction d’une prose à effets de faire. Ni rime ni vers. Du mot en jeu, de la phrase en instance de noce, des monèmes libres, un peu de fougue, beaucoup de doux.

    Le soleil finit par maquiller le jour. Ma prose achevée, je pris le violon et m’en allai poster ces deux pages à Mademoiselle M. Le facteur sonnera encore deux foi, deux fois.


    Nina louVe

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  8. Ah !
    et bien je viens de tomber sur tout ça.

    Je crois, veuillez m'en excuser, qu'il va falloir qu'on m'explique_

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  9. Eipho, très cher outre-atlantikien, ne crains pas. ça ira. t'as juste à te mettre face à une bougie, ou ... sous ces néons que tu aimes tant photographier, et tu écris ce qui est là. tu le charcute pas trop, tu le mets sur pixel et hop !

    y'a de ces élans qui ne demandent qu'à aller vivre, aller vivre.

    bises poétiques

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  10. >Nina...

    une prose à effets de faire

    Votre adoubement célébré dans l'aube pose les mots fiers à tout jamais, dans le coeur des chevaliers de l'encrier.

    Juste pour les mots, juste pour la liberté des mots.

    Merci!

    >Eipho:

    Met ton chapeau! Nous allons nous promener sur les sentiers de la Rentrée des mots.

    Juste pour le rêve des mots. Juste pour la liberté du rêve des mots.

    Merci!

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  11. mais tout à fait M dit l'arène, tout à fait!

    on m'invite, je cogite puis j'évite les mythes des boule à mites, mais toujours je rapporte et répète les faits comme un plaidoyer d'encre au coeur de la récréation.

    salute! et un autre derrière la cravache.

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