Je me sentais légère comme une plume. Je voyageai sur le fil de ce rêve sans aucun souci. J’oubliai l’ampleur des épreuves à venir, l’angoisse liée au tournoi de littérature. Lavande et Jane me firent visiter le château Delanote de fond en comble.
Je courais partout comme un jeune troubadour à la recherche de conte merveilleux. Je ne fus pas déçue. Toutes les pièces racontaient des histoires perdues dans la nuit des chevaliers. Digne représentante des chevaliers de l’encrier, je prenais des notes, posais des questions. Ce fut un voyage médiéval extraordinaire.
Jane m’offrit le thé dans la grande bibliothèque. En dégustant une armada de petits cakes et de sandwiches à la Sexe in the city, elle me confia quelques réflexions sur son métier d’écrivain. Elle m’avoua que ce n’était pas une sinécure d’être une femme et écrivain à son époque. Elle s’avéra extrêmement surprise de la longévité de ses œuvres. Puis, elle se ravisa. Après tout, elle comprenait les raisons et les sentiments qui animaient les lecteurs, hommes et femmes. Elle ne faisait que décrire la vie qu’elle aimait observer autour d’elle au 19e siècle. La vie de tous les jours dans son village. Les événements petits et grands des gens qui l’entouraient, les situations délicates, les anecdotes. Elle aimait décrire leurs caractères en termes simples.
Jane écrivait la vie. La vie avait changé, certes. Les sentiments, non… Aussi, devant les romans contemporains qu’elle lisait, cachée dans sa retraite Delanote, elle n’y voyait que de la vie exprimée de mille et une manières. Une vie de rêves…
Un peu plus tard, je me promenai dans les prés du château avec Lavande. Une fois de plus, mon ancien professeur s’exprima sur les plaisirs de la lecture. Elle n’avait pas de nouveau jardin secret à me confier. Elle suivait ses instincts. Depuis toujours, elle se laissait aller dans le choix de ses lectures en toute liberté.
Jane écrivait simplement la vie. Lavande lisait simplement la vie.
Cette perspective de vie me ravit !
À mon retour sur terre, enfin, dans les jardins de Bath, je me retrouvai assise au pied d’un arbre. Toute la tribu m’entourait. Les chevaliers de l’encrier s’avérèrent complètement hystériques. Le premier examen du concours devait se dérouler dans quelques instants. Mon évanouissement leur parut louche. Ils se demandaient sérieusement si je serais apte à participer au tournoi littéraire. Je leur affirmai que j’étais en pleine forme. Je me sentais prête à affronter tous les prétentieux de la ville. Qui plus est, je ne ressentais plus aucun préjugé vis-à-vis ce concours.
Je décidai d’y prendre part et de simplement laisser les mots me guider. Aussi, lorsque sir Delancelot me demanda de lui accorder la prochaine danse, je lui répondis, oui, sans aucune hésitation. Après tout, il n’avait rien d’un petit B. Orgueil et préjugés n’avaient plus leurs raisons de vivre.
Et puis, je demeurai championne de la quadrille en espadrilles ! Alors, je dansai et écrivit jusqu’à la tombée de la nuit. Tant et si bien, que je ne vis pas le temps ni les multiples épreuves passées. Le résultat n’avait aucune importance.
Je vivais le tournoi. C’est tout.
Jane avait raison. Orgueil ou préjugés… Peu importe. Dansons et écrivons. Les mots de la vie racontent toujours une belle histoire.
Et puis, je sais que c’est ce que Jane aurait fait…
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1. Illustration: Edmund Blair Leighton. Dimanche matin.
Je courais partout comme un jeune troubadour à la recherche de conte merveilleux. Je ne fus pas déçue. Toutes les pièces racontaient des histoires perdues dans la nuit des chevaliers. Digne représentante des chevaliers de l’encrier, je prenais des notes, posais des questions. Ce fut un voyage médiéval extraordinaire.
Jane m’offrit le thé dans la grande bibliothèque. En dégustant une armada de petits cakes et de sandwiches à la Sexe in the city, elle me confia quelques réflexions sur son métier d’écrivain. Elle m’avoua que ce n’était pas une sinécure d’être une femme et écrivain à son époque. Elle s’avéra extrêmement surprise de la longévité de ses œuvres. Puis, elle se ravisa. Après tout, elle comprenait les raisons et les sentiments qui animaient les lecteurs, hommes et femmes. Elle ne faisait que décrire la vie qu’elle aimait observer autour d’elle au 19e siècle. La vie de tous les jours dans son village. Les événements petits et grands des gens qui l’entouraient, les situations délicates, les anecdotes. Elle aimait décrire leurs caractères en termes simples.
Jane écrivait la vie. La vie avait changé, certes. Les sentiments, non… Aussi, devant les romans contemporains qu’elle lisait, cachée dans sa retraite Delanote, elle n’y voyait que de la vie exprimée de mille et une manières. Une vie de rêves…
Un peu plus tard, je me promenai dans les prés du château avec Lavande. Une fois de plus, mon ancien professeur s’exprima sur les plaisirs de la lecture. Elle n’avait pas de nouveau jardin secret à me confier. Elle suivait ses instincts. Depuis toujours, elle se laissait aller dans le choix de ses lectures en toute liberté.
Jane écrivait simplement la vie. Lavande lisait simplement la vie.
Cette perspective de vie me ravit !
À mon retour sur terre, enfin, dans les jardins de Bath, je me retrouvai assise au pied d’un arbre. Toute la tribu m’entourait. Les chevaliers de l’encrier s’avérèrent complètement hystériques. Le premier examen du concours devait se dérouler dans quelques instants. Mon évanouissement leur parut louche. Ils se demandaient sérieusement si je serais apte à participer au tournoi littéraire. Je leur affirmai que j’étais en pleine forme. Je me sentais prête à affronter tous les prétentieux de la ville. Qui plus est, je ne ressentais plus aucun préjugé vis-à-vis ce concours.
Je décidai d’y prendre part et de simplement laisser les mots me guider. Aussi, lorsque sir Delancelot me demanda de lui accorder la prochaine danse, je lui répondis, oui, sans aucune hésitation. Après tout, il n’avait rien d’un petit B. Orgueil et préjugés n’avaient plus leurs raisons de vivre.
Et puis, je demeurai championne de la quadrille en espadrilles ! Alors, je dansai et écrivit jusqu’à la tombée de la nuit. Tant et si bien, que je ne vis pas le temps ni les multiples épreuves passées. Le résultat n’avait aucune importance.
Je vivais le tournoi. C’est tout.
Jane avait raison. Orgueil ou préjugés… Peu importe. Dansons et écrivons. Les mots de la vie racontent toujours une belle histoire.
Et puis, je sais que c’est ce que Jane aurait fait…
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1. Illustration: Edmund Blair Leighton. Dimanche matin.
Je me sens soulevé comme une olive dont la beauté aurait séduit l'oeil d'une femme-Jane revenant sur Terre, suite au songe dansant de l'imagination d'une Mireille forte et courageuse de joie.
RépondreSupprimerJe pense qu'écrire à
RépondreSupprimerla même force vitale que rêver.
Comme je la comprend...