Orgueil et prés 3


Je ne me souviens plus très bien si je perdis connaissance au milieu du jardin en tentant de fuir sous la pluie cette situation délicate ou si je m’endormis sur le banc de jardin en jouant nonchalamment du luth pour une fourmi ressemblant à s'y méprendre au fabuleux lapin de mars des aventures d’Alice au pays des merveilles...

J’étais trempée jusqu’aux espadrilles donc il avait plu. Voilà toujours quelque chose.

Peu importe les raisons et les sentiments de la chose, il demeure que je réussis à m’échapper de cet endroit cauchemardesque outrageusement néfaste à mon orgueil et à mes préjugés pour me réveiller fraîche et dispose confortablement installée près d’un chêne immense, un livre ouvert sur mes genoux et un drôle de minet tout gris à mes côtés…

Northanger Abbey ? Mansfield Park ? Non. De plus en plus bizarre.

Tiens, tiens. Me serais-je trompée d’histoire ? Emma serait-elle devenue Alice ? me murmurais-je doucement.

Je me levai sur mes jambes un peu perplexe. Je regardai autour de moi pour constater avec stupeur que le décor avait changé de façon radicale. Je n’étais plus à Bath, la ville tant aimée de Jane Austen, mais au milieu d’un pré fleuri inconnu. Je m’interrogeai sérieusement sur mon état d’esprit, puis je me mis à explorer les environs. Tout était si calme, un vrai paradis. Le petit chat me suivait pas à pas dans cette aventure plutôt étrange. Je fis quelques pas vers une rivière. L’eau était limpide et murmura un chant singulier.

Au bord de la rivière, je levai les yeux et j’aperçus un adorable château. Je ressentis une douce sensation. Je connaissais cet endroit, mais je n’arrivais pas à me souvenir de ce site magnifique. Je longeai le bord de l’eau en direction des quatre tours étranges. Puis, soudain, je me souvins de tout.

J’étais sur l’île Delanote. L’île de la dame Delanote.

Je pris le chaton dans mes bras et je courus en direction de l’entrée du bâtiment. Je ne comprenais pas ce rêve et pourtant je fonçais tête première dans ce labyrinthe suspect. À mon arrivée à porte principale, deux gentes dames m’attendaient sur le seuil. Je fus extrêmement surprise et enchantée. Je ne m’attendais pas à une telle découverte.

-- Bonjour, M. Bienvenue sur l’île. Je suis ravie que tu sois arrivée jusqu’ici, déclama la dame Delanote.

-- Comment allez-vous, M ? Félicitations ! Tu as merveilleusement bien réussi la première épreuve, soit celle d’échapper à ces horribles corvées de bal et de quadrille insupportables, poursuivit Jane Austen.

J’étais bouche bée. Lavande Delanote était devant moi en compagnie de Jane. Était-ce des fantômes ? Des vrais fantômes dansants sur un arc-en-ciel austien…

Que ferait Jane ?

À suivre…

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1. Illustration: Edmund Blair Leighton. Con amore.


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Commentaires

  1. Cette histoire suit un fil étrange. Un luth contre un chêne immense, une fourmi qui lit dans Northanger Abbey, un minet tout gris qui se trompe d'histoire...

    Jane mélangerait tout.

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