Le premier jour des compétitions s’avéra fort éprouvant pour l’orgueil de mademoiselle M.
Moi et les membres du clan délégués, les chevaliers de l’encrier, avions passé les mois précédents à nous casser la tête, les pieds et tout ce que vous voudrez, afin d’être prêts à toute éventualité. Cependant, nous n’avions pas prévu que les préliminaires de ce concours international consistaient à faire notre entrée officielle dans la Upper-room de Bath. Ce fut une énorme déception.
Aussitôt, je ressentis une violente crise d’urticaire m’envahir du côté de l’orteil gauche. Dès le début de la mâtiné, je me sentis ridicule dans mon espèce de robe de carnaval. Néanmoins, je fus contrainte de respecter les directives des organisateurs. Comme tous les concurrents, je dus boire cette horrible eau de source qui pique la gorge, en guise de cocktail de bienvenue. De plus, la petite G n’avait pas prévu que tous les compétiteurs devaient faire leurs entrées dans la salle de bal, au bras d’un cavalier étranger. Je n’eus que quelques minutes pour en dénicher un en catastrophe ! Je dus me résigner à faire ma première apparition dans cet endroit légendaire en compagnie du révérend Debath. Un géant chauve, poilu et verbomoteur.
Peu importe. Ce mauvais moment passé, je me contentai de me fondre dans l’énorme pièce inhospitalière et d’observer les us et coutumes de cette extravagante mise en scène. Je me baladai doucement dans ce monde étrange lorsque mon attention fut accaparée par l’arrivée de personnages, semblait-il, de la plus haute importance. Je tentai de me renseigner, poliment, auprès de ma voisine. Celle-ci ne daigna point me répondre, prétextant ne pas comprendre le sens de mes paroles. Je n’insistai point. Je me tournai vers la droite afin de poursuivre mes recherches. Je toisai un gentleman aux cheveux blancs qui me sembla plus civilisé. Effectivement, ce gentil personnage me confia que les gens que la Upper-room accueillaient en ce moment n’étaient nul autre que sir Debingley, sa sœur bien-aimée ainsi que le président du jury, le sieur Delancelot…
Je ne sais pas pourquoi, à ce moment précis, une intense sensation empourpra mon visage. Je me sentis extrêmement mal à l’aise. Je n’avais plus qu’une seule idée en tête : sortir à l’extérieur de cette souricière.
Je dois préciser que les trois personnages nous furent présentés avec gentillesse. Le frère et la sœur adoptive de Lavande Delanote me semblèrent très aimables. Cependant, je ne peux en dire autant du sieur Delancelot. Tandis que la petite G se faisait inviter par tous les cavaliers de la salle, je fus contrainte de demeurer en compagnie de ce monsieur pendant un interminable moment. Ce dernier ne m’adressa la parole que pour prononcer des banalités et ne songea un seul instant à m’offrir un thé ou même danser. Ce n’est pas que je désirais faire preuve de mes talents. C’était vraiment dans le but de mettre un terme à ce tête-à-tête extrêmement ennuyant.
Malgré tous mes efforts de courtoisies auprès de cet illustre personnage, je ne lui trouvai rien de fabuleux. Je dirais même plus, cet homme était d’une vanité intolérable. Au bout de plusieurs longues minutes de ce supplice, je le remerciai de m’avoir si gentiment tenu compagnie et je m’enfuyais dans les jardins.
Seule, je respirais à ma guise. Je m’installai sur un banc de jardin afin de retirer mon insupportable chapeau de débutante. Mademoiselle M se trouva bien vaniteuse d’avoir osé poser sa candidature dans une compétition aussi compliquée.
Décidément, ce concours était une véritable calamité. Je me demandai sérieusement ce qu’une jeune demoiselle de dix ans pouvait bien réaliser dans un tel événement. Et surtout, ce président de jury monstrueux me sembla orgueilleux et vaniteux comme personne…
Je tentai de me résigner. En vain, je sentis une autre violente crise se pointer. Et puis, une envie de prendre le premier train pour ailleurs m’envahit.
Colère, orgueil ou vanité ?
Que ferait Jane ?
À suivre…
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1. Illustration: Edmund Blair Leighton. Off.
Moi et les membres du clan délégués, les chevaliers de l’encrier, avions passé les mois précédents à nous casser la tête, les pieds et tout ce que vous voudrez, afin d’être prêts à toute éventualité. Cependant, nous n’avions pas prévu que les préliminaires de ce concours international consistaient à faire notre entrée officielle dans la Upper-room de Bath. Ce fut une énorme déception.
Aussitôt, je ressentis une violente crise d’urticaire m’envahir du côté de l’orteil gauche. Dès le début de la mâtiné, je me sentis ridicule dans mon espèce de robe de carnaval. Néanmoins, je fus contrainte de respecter les directives des organisateurs. Comme tous les concurrents, je dus boire cette horrible eau de source qui pique la gorge, en guise de cocktail de bienvenue. De plus, la petite G n’avait pas prévu que tous les compétiteurs devaient faire leurs entrées dans la salle de bal, au bras d’un cavalier étranger. Je n’eus que quelques minutes pour en dénicher un en catastrophe ! Je dus me résigner à faire ma première apparition dans cet endroit légendaire en compagnie du révérend Debath. Un géant chauve, poilu et verbomoteur.
Peu importe. Ce mauvais moment passé, je me contentai de me fondre dans l’énorme pièce inhospitalière et d’observer les us et coutumes de cette extravagante mise en scène. Je me baladai doucement dans ce monde étrange lorsque mon attention fut accaparée par l’arrivée de personnages, semblait-il, de la plus haute importance. Je tentai de me renseigner, poliment, auprès de ma voisine. Celle-ci ne daigna point me répondre, prétextant ne pas comprendre le sens de mes paroles. Je n’insistai point. Je me tournai vers la droite afin de poursuivre mes recherches. Je toisai un gentleman aux cheveux blancs qui me sembla plus civilisé. Effectivement, ce gentil personnage me confia que les gens que la Upper-room accueillaient en ce moment n’étaient nul autre que sir Debingley, sa sœur bien-aimée ainsi que le président du jury, le sieur Delancelot…
Je ne sais pas pourquoi, à ce moment précis, une intense sensation empourpra mon visage. Je me sentis extrêmement mal à l’aise. Je n’avais plus qu’une seule idée en tête : sortir à l’extérieur de cette souricière.
Je dois préciser que les trois personnages nous furent présentés avec gentillesse. Le frère et la sœur adoptive de Lavande Delanote me semblèrent très aimables. Cependant, je ne peux en dire autant du sieur Delancelot. Tandis que la petite G se faisait inviter par tous les cavaliers de la salle, je fus contrainte de demeurer en compagnie de ce monsieur pendant un interminable moment. Ce dernier ne m’adressa la parole que pour prononcer des banalités et ne songea un seul instant à m’offrir un thé ou même danser. Ce n’est pas que je désirais faire preuve de mes talents. C’était vraiment dans le but de mettre un terme à ce tête-à-tête extrêmement ennuyant.
Malgré tous mes efforts de courtoisies auprès de cet illustre personnage, je ne lui trouvai rien de fabuleux. Je dirais même plus, cet homme était d’une vanité intolérable. Au bout de plusieurs longues minutes de ce supplice, je le remerciai de m’avoir si gentiment tenu compagnie et je m’enfuyais dans les jardins.
Seule, je respirais à ma guise. Je m’installai sur un banc de jardin afin de retirer mon insupportable chapeau de débutante. Mademoiselle M se trouva bien vaniteuse d’avoir osé poser sa candidature dans une compétition aussi compliquée.
Décidément, ce concours était une véritable calamité. Je me demandai sérieusement ce qu’une jeune demoiselle de dix ans pouvait bien réaliser dans un tel événement. Et surtout, ce président de jury monstrueux me sembla orgueilleux et vaniteux comme personne…
Je tentai de me résigner. En vain, je sentis une autre violente crise se pointer. Et puis, une envie de prendre le premier train pour ailleurs m’envahit.
Colère, orgueil ou vanité ?
Que ferait Jane ?
À suivre…
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1. Illustration: Edmund Blair Leighton. Off.
Simuler l'évanouissement.
RépondreSupprimerExcellente idée!
RépondreSupprimerJe cours de ce pas faire échec et mat à cette délicate situation.
Merci!
Ayant simulé l'évanouissement, elle suivrait des yeux une fourmi-lapin jusque de l'autre côté du mirroir.
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