Au bout d’un moment, quand il regarda de nouveau dans le corridor, ils étaient déjà partis. Il resta pourtant à la croisée ; il n’osait plus retourner dans le cabinet de débarras et il ne voulait pas non plus rentrer chez lui.
Franz Kafka. Le procès.
Mademoiselle M ne comprit pas pourquoi tous les élèves se précipitaient vers la sortie de son école. Pourtant, elle avait pris le destrier étrange et celui-ci lui avait certifié que tous les cours étaient annulés à cause de la tempête. Aussi, elle avait remis son devoir à une apsiole et passé son examen devant un auditoire en liesse ! La lamie amie de tout le monde l’avait conduite dans les rues et déposée ici sans aucune explication…
Mademoiselle M était renversée de la gravité et de l’ambiguïté relatives à l’affaire de la petite chose. Elle patinait en plein mystère et en pleine tourmente !
De loin, elle aperçut ses trois copains, enfin, ceux qu’elle croyait ses acolytes, courir en direction de l’orage, en quête des problèmes en rafale. Elle se mit à leur poursuite afin de recueillir leurs impressions sur cette incroyable journée. Elle brava le vent, le froid, le verglas, les flocons du Diable… en vain ! Elle les perdit de vue dans une bourrasque méphistophélique. Du diable ! Les copains me laissent tomber dans le blizzard !
Mademoiselle M sentait ses forces l’abandonner. Elle ne voulait pas rebrousser chemin vers l’école qui de toute manière semblait fermée, alors elle résolut de foncer droit devant, cap au nord de Nouveau-Bordeaux. Mademoiselle cherchait sa demeure dans la tempête… Mademoiselle M ne voyait rien. Cependant, une drôle de petite chose murmura quelque chose dans son dos. M en fut tout étonnée. Elle se retourna plusieurs fois sans pouvoir déterminer la provenance de cette voix douce, mais bizarre…
Soudain, la petite chose sortit du sac d’écoliers de M…
-- Bonjour M…
-- Heu… Bonjour, mais qui êtes-vous donc ?
-- Je suis le président du Comité de la petite chose…
-- Quoi ! Mais vous êtes une vieille chaussette ! La vieille chaussette que je mets sur mon lit pour… Noël. Et voilà que je parle à une chaussette dans la tempête. Je perds la tête !
-- Je ne suis pas qu’une vieille chaussette M. Je suis un bas de laine.
-- La belle affaire ! Je suis vraiment bonne à enfermer ! Si au moins vous étiez deux, pour la paire, cela ferait mieux mon affaire.
-- Je peux vous aider… Je suis un bas de laine un peu spécial. Un bas de laine capteur de rêves…
-- De mieux en mieux. Non, mais je rêve… Vous avez de l’imagination !
-- C’est la cause des soucis du Comité de la petite chose M… Je suis le bas de laine capteur de rêves de Noël… Je suis le bas de laine de Noël du père Noël… et je suis vide !
-- Tonnerre ! Je n’y peux rien. Dites à votre propriétaire d’écrire au père des socquettes désespérées. Moi, j’en ai ras le pompon de toute cette folie de la petite chose !
-- Mademoiselle M, la petite chose a disparu… il n’en tient qu’a vous de la faire vivre à nouveau… Il vous suffit d’y croire, encore…
-- Quoi ! Vous voulez que je croie encore aux contes de Noël ?
-- Il vous suffit de croire aux rêves, de croire encore aux mots rares qui sont sources d’imagination. Si vous le souhaitez, le soir de Noël, je serai porteur d’espoir pour tous ceux qui ont le cœur vide comme une vieille chaussette…
À suivre…
___________
1. Illustration : Normand Hudon. Rentrée hâtive.
Franz Kafka. Le procès.
Mademoiselle M ne comprit pas pourquoi tous les élèves se précipitaient vers la sortie de son école. Pourtant, elle avait pris le destrier étrange et celui-ci lui avait certifié que tous les cours étaient annulés à cause de la tempête. Aussi, elle avait remis son devoir à une apsiole et passé son examen devant un auditoire en liesse ! La lamie amie de tout le monde l’avait conduite dans les rues et déposée ici sans aucune explication…
Mademoiselle M était renversée de la gravité et de l’ambiguïté relatives à l’affaire de la petite chose. Elle patinait en plein mystère et en pleine tourmente !
De loin, elle aperçut ses trois copains, enfin, ceux qu’elle croyait ses acolytes, courir en direction de l’orage, en quête des problèmes en rafale. Elle se mit à leur poursuite afin de recueillir leurs impressions sur cette incroyable journée. Elle brava le vent, le froid, le verglas, les flocons du Diable… en vain ! Elle les perdit de vue dans une bourrasque méphistophélique. Du diable ! Les copains me laissent tomber dans le blizzard !
Mademoiselle M sentait ses forces l’abandonner. Elle ne voulait pas rebrousser chemin vers l’école qui de toute manière semblait fermée, alors elle résolut de foncer droit devant, cap au nord de Nouveau-Bordeaux. Mademoiselle cherchait sa demeure dans la tempête… Mademoiselle M ne voyait rien. Cependant, une drôle de petite chose murmura quelque chose dans son dos. M en fut tout étonnée. Elle se retourna plusieurs fois sans pouvoir déterminer la provenance de cette voix douce, mais bizarre…
Soudain, la petite chose sortit du sac d’écoliers de M…
-- Bonjour M…
-- Heu… Bonjour, mais qui êtes-vous donc ?
-- Je suis le président du Comité de la petite chose…
-- Quoi ! Mais vous êtes une vieille chaussette ! La vieille chaussette que je mets sur mon lit pour… Noël. Et voilà que je parle à une chaussette dans la tempête. Je perds la tête !
-- Je ne suis pas qu’une vieille chaussette M. Je suis un bas de laine.
-- La belle affaire ! Je suis vraiment bonne à enfermer ! Si au moins vous étiez deux, pour la paire, cela ferait mieux mon affaire.
-- Je peux vous aider… Je suis un bas de laine un peu spécial. Un bas de laine capteur de rêves…
-- De mieux en mieux. Non, mais je rêve… Vous avez de l’imagination !
-- C’est la cause des soucis du Comité de la petite chose M… Je suis le bas de laine capteur de rêves de Noël… Je suis le bas de laine de Noël du père Noël… et je suis vide !
-- Tonnerre ! Je n’y peux rien. Dites à votre propriétaire d’écrire au père des socquettes désespérées. Moi, j’en ai ras le pompon de toute cette folie de la petite chose !
-- Mademoiselle M, la petite chose a disparu… il n’en tient qu’a vous de la faire vivre à nouveau… Il vous suffit d’y croire, encore…
-- Quoi ! Vous voulez que je croie encore aux contes de Noël ?
-- Il vous suffit de croire aux rêves, de croire encore aux mots rares qui sont sources d’imagination. Si vous le souhaitez, le soir de Noël, je serai porteur d’espoir pour tous ceux qui ont le cœur vide comme une vieille chaussette…
À suivre…
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1. Illustration : Normand Hudon. Rentrée hâtive.
Bonjour ici,
RépondreSupprimertrès jolie cette suite.
Alors cette petite chose est... ;)
Pauv' mademoiselle M, elle en voit passer des aventures et toutes sortes de choses abracadabrantes à souhait !
Belle chanson également,
la nostalgie est au rendez-vous ces temps-ci ;)
Bonnes fêtes de fin d'année
à ces contes et leur auteur ***
>Eipho: C'est une tempête de Noël! Des folies, des rêves et des bas de laine capteurs de poésie.
RépondreSupprimerMerci pour ta présence et tes textes toujours porteurs d'espoir et d'humour.
Joyeuses fêtes à toi, mon ami.
Les contes sont la bonne eau qui prête vie, Mireille, Mireille... Des voyages -encore! Sourire...- Une autre forme de vie. Savoureux, délicieux... Désaltérants.
RépondreSupprimerPuis il y a décembre qui va...
Merci d'être là...
Faire sourdre le grelot.
RépondreSupprimerMerci à vous tous!
RépondreSupprimerJe trouve dans cet épisode quelque chose ( !) de poignant. Peut-être faut-il avoir passé son enfance à espérer (à rêver) de LA tempête de neige qui fermerait une fois pour toute l’école détestée (autant qu’aimée mais c’est une autre histoire) pour apprécier pleinement l’héroïsme véritable (qui fait de M une véritable héroïne). Il y a de la Mimi de cachée derrière elle, derrière ça.
RépondreSupprimerCe cri du cœur d’une socquette vide, ce bas de laine (j’en ai un à mon pied), ce vieux cœur (le mien) qui voudrait croire encore aux contes de Noël (ou jouer avec la Lamie) : je les prends en cadeaux ces thèmes comme une cuillère de miel sur un morceau de dinde un peu trop sèche. Merci, chère amie.
Et je viens de voter : La petite chose est une chaussette de Noël.