J’avais avec moi un livre que j’avais volé à un éventaire d’Hollywood, Le Grand Meaulnes, d’Alain-Fournier, mais je préférais lire le paysage américain que l’on côtoyait. Chaque protubérance, chaque côte, la moindre étendue de terrain intriguait mon désir.
Jack Kerouac. Sur la route.
Mademoiselle M,
Je suis le roi des sans-papiers, le chevalier des naufragés de la mer à pied. Je n’ai pas de nom, pas de sou. Et pourtant, je voyage comme un prince. Les sans-abri m’accueillent dans les rues des plus grandes villes de l’Amérique. Je partage, avec eux, leurs grands et petits I have a dream. Je découvre les gens de la Terre, les deux pieds sur Terre. Je lis la musique Delaterre. Je ris et je pleure devant cet océan de rêves, cette mer de liberté. C’est wonderful.
Je suis sans repères. Je suis déboussolé. Je suis perdu dans le désert de l’Amérique. Je navigue de ville en ville, de village en village. Je saute de train en train, de voiture en voiture. Je marche sur la toile abstraite de l’Amérique. Je me laisse guider par le vent de mes automatismes. Je voyage léger au fil des jours sur le sol comme une nouvelle petite vague sur la mer. Je me dessine une clef de sol jusqu’à votre musique, little Miss Delamer.
C’est merveilleux. Je suis heureux. Je suis comme un enfant sur la route du sunshine. Je me dirige vers l’océan, vers la Californie. J’ai atrocement mal aux pieds, mais je m’amuse. Oh ! Yes ! Mademoiselle. Je songe à votre pavane au bord de la mer. Ce sera prodigieux !
Je crois que je vous écris quelque part entre le nord et le sud. Je ne sais pas très bien où je me situe actuellement. Caroline du Sud, du Nord ? Ce n’est pas important. Je voyage avec ma boussole intérieure, celle du cœur. Après tout, je n’existe pas réellement. Je n’ai pas d’identité. Je suis une légende. Un pianiste de l’océan, échoué sur la Terre, qui se rend à un rendez-vous avec la mer afin de voir son vrai visage, entendre sa véritable voix. Et puis, il y a plein de jolies montagnes autour de moi et des gens qui inventent une musique marvelous avec des guitares de rien du tout et des banjos et des tambourins. Ah ! C’est sublime, l’ivresse des montagnes. Je suis au cœur du beat, au centre de la musique soul de l’aigle. J’ai froid, j’ai faim, j’ai un peu peur. Mais ce n’est rien. Je ne suis rien ! Je suis libre et je m’envole vers vous, mademoiselle M, the only one véritable on earth… little Miss Delamer !
Laissez rêver votre cœur. Quelques soupirs, quelques désirs. Composez la musique de la liberté : quelques notes de rires, quelques blancs silences ; une pavane pour guitare Delamer.
Je suivrai la route des enfants de la mer. Je sèmerai sur la route des petites étoiles de mer sur la Terre Delamer. Je découvrirai votre route, Little Miss Delamer.
Je vous trouverai, à la fin du mois, au cœur de San Francisco.
Bonne route.
Duemille
À suivre…
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1. Illustration : Jean-Paul Riopelle. Pavane. 1954.
Jack Kerouac. Sur la route.
Mademoiselle M,
Je suis le roi des sans-papiers, le chevalier des naufragés de la mer à pied. Je n’ai pas de nom, pas de sou. Et pourtant, je voyage comme un prince. Les sans-abri m’accueillent dans les rues des plus grandes villes de l’Amérique. Je partage, avec eux, leurs grands et petits I have a dream. Je découvre les gens de la Terre, les deux pieds sur Terre. Je lis la musique Delaterre. Je ris et je pleure devant cet océan de rêves, cette mer de liberté. C’est wonderful.
Je suis sans repères. Je suis déboussolé. Je suis perdu dans le désert de l’Amérique. Je navigue de ville en ville, de village en village. Je saute de train en train, de voiture en voiture. Je marche sur la toile abstraite de l’Amérique. Je me laisse guider par le vent de mes automatismes. Je voyage léger au fil des jours sur le sol comme une nouvelle petite vague sur la mer. Je me dessine une clef de sol jusqu’à votre musique, little Miss Delamer.
C’est merveilleux. Je suis heureux. Je suis comme un enfant sur la route du sunshine. Je me dirige vers l’océan, vers la Californie. J’ai atrocement mal aux pieds, mais je m’amuse. Oh ! Yes ! Mademoiselle. Je songe à votre pavane au bord de la mer. Ce sera prodigieux !
Je crois que je vous écris quelque part entre le nord et le sud. Je ne sais pas très bien où je me situe actuellement. Caroline du Sud, du Nord ? Ce n’est pas important. Je voyage avec ma boussole intérieure, celle du cœur. Après tout, je n’existe pas réellement. Je n’ai pas d’identité. Je suis une légende. Un pianiste de l’océan, échoué sur la Terre, qui se rend à un rendez-vous avec la mer afin de voir son vrai visage, entendre sa véritable voix. Et puis, il y a plein de jolies montagnes autour de moi et des gens qui inventent une musique marvelous avec des guitares de rien du tout et des banjos et des tambourins. Ah ! C’est sublime, l’ivresse des montagnes. Je suis au cœur du beat, au centre de la musique soul de l’aigle. J’ai froid, j’ai faim, j’ai un peu peur. Mais ce n’est rien. Je ne suis rien ! Je suis libre et je m’envole vers vous, mademoiselle M, the only one véritable on earth… little Miss Delamer !
Laissez rêver votre cœur. Quelques soupirs, quelques désirs. Composez la musique de la liberté : quelques notes de rires, quelques blancs silences ; une pavane pour guitare Delamer.
Je suivrai la route des enfants de la mer. Je sèmerai sur la route des petites étoiles de mer sur la Terre Delamer. Je découvrirai votre route, Little Miss Delamer.
Je vous trouverai, à la fin du mois, au cœur de San Francisco.
Bonne route.
Duemille
À suivre…
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1. Illustration : Jean-Paul Riopelle. Pavane. 1954.
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