Danny Boodmann T.D. Lemon Novecento allait descendre du Virginian, dans le port de New York, un jour de février. Après trente-deux années passées en mer, il allait descendre à terre, pour aller voir la mer.
Alessandro Baricco. Novecento : pianiste.
Je suis debout dans le sous-sol
Je suis debout dans le ventre d’une guitare
Je suis debout et je devrais aller dormir
C’est jeudi soir. Je n’ai absolument pas sommeil. J’ai un pressentiment. Une étrange sensation que quelque chose cloche avec la légende du pianiste sur l’océan. J’ai l’horrible sentiment que Duemille va se mériter une retenue sur son paquebot. J’ai l’impression qu’il va se mettre les deux pieds dans les plats.
Et voilà qu’il me fait signe mon pianiste tête de lune dans la mer.
-- Duemille, qu’est-ce qui te prends. Nous sommes jeudi soir. J’avais comme un pressentiment…
-- Mademoiselle M, je descends ce soir…
-- Heu… Comment? Qu’est-ce que tu racontes ? Tu descends de quoi ?
-- Mademoiselle, je descends de mon paquebot, ce soir… dans quelques minutes…
-- Mais… Duemille, c’est impossible ! Tu ne vas pas me dire que tu mets les voiles comme ça, tout d’un coup.
-- Si ! Je descends sur la terre. Je vais à New York. Je vais dans toutes les villes de l’Amérique. Oui. Je dis que je vais lire l’Amérique. Et voilà…
-- Mais… Duemille. Tu es tombé sur la tête ! Tu ne sais même pas lire ni écrire ni… Tu ne sais rien de la vie sur terre. Tu n’es jamais sorti du ventre de ton foutu paquebot.
-- Je ne sais rien et voilà bien pourquoi je veux descendre sur terre pour la voir, « elle »…
-- Ah !… voilà. Il y a une fille. Et comment s’appelle-t-elle cette merveilleuse dame de la terre ferme ?
-- La mer…
-- Quoi ! Comment ? Mais… tu es devenu fou Duemille. Tu veux descendre sur terre pour voir la mer ?
-- Mademoiselle. Je veux voir la mer dans toute sa splendeur. Je veux faire comme Jack…
-- Voir la mer comme Jack ? Qui est Jack ? Je ne te comprends pas.
-- Je veux prendre la route de la mer comme Jack Kerouac. Je veux faire toutes les routes de l’Amérique sur le pouce, en autocar, en train, à pied… Je veux voir la mer de San Francisco !
-- Duemille ! Qu’est-ce que tu racontes ? Tu vas te perdre. Tu ne sais même pas marcher sur la terre ferme. Tu vas te foutre dans un joli pétrin…
-- Et alors ? Je veux me perdre dans l’Amérique pour mieux me retrouver dans la mer… Je veux toute la mer du jazz, du bop, du hip-hop, du blues… J’ai le beat. Je suis le beat de l’heure…
-- Duemille… tu ne sais même pas où j’habite…
-- Si, je sais…
-- Duemille… tu viendras me voir ?
-- Je ne sais pas…
-- …
À suivre… peut-être…
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1. Illustration : Courbet. Mer calme.
Alessandro Baricco. Novecento : pianiste.
Je suis debout dans le sous-sol
Je suis debout dans le ventre d’une guitare
Je suis debout et je devrais aller dormir
C’est jeudi soir. Je n’ai absolument pas sommeil. J’ai un pressentiment. Une étrange sensation que quelque chose cloche avec la légende du pianiste sur l’océan. J’ai l’horrible sentiment que Duemille va se mériter une retenue sur son paquebot. J’ai l’impression qu’il va se mettre les deux pieds dans les plats.
Et voilà qu’il me fait signe mon pianiste tête de lune dans la mer.
-- Duemille, qu’est-ce qui te prends. Nous sommes jeudi soir. J’avais comme un pressentiment…
-- Mademoiselle M, je descends ce soir…
-- Heu… Comment? Qu’est-ce que tu racontes ? Tu descends de quoi ?
-- Mademoiselle, je descends de mon paquebot, ce soir… dans quelques minutes…
-- Mais… Duemille, c’est impossible ! Tu ne vas pas me dire que tu mets les voiles comme ça, tout d’un coup.
-- Si ! Je descends sur la terre. Je vais à New York. Je vais dans toutes les villes de l’Amérique. Oui. Je dis que je vais lire l’Amérique. Et voilà…
-- Mais… Duemille. Tu es tombé sur la tête ! Tu ne sais même pas lire ni écrire ni… Tu ne sais rien de la vie sur terre. Tu n’es jamais sorti du ventre de ton foutu paquebot.
-- Je ne sais rien et voilà bien pourquoi je veux descendre sur terre pour la voir, « elle »…
-- Ah !… voilà. Il y a une fille. Et comment s’appelle-t-elle cette merveilleuse dame de la terre ferme ?
-- La mer…
-- Quoi ! Comment ? Mais… tu es devenu fou Duemille. Tu veux descendre sur terre pour voir la mer ?
-- Mademoiselle. Je veux voir la mer dans toute sa splendeur. Je veux faire comme Jack…
-- Voir la mer comme Jack ? Qui est Jack ? Je ne te comprends pas.
-- Je veux prendre la route de la mer comme Jack Kerouac. Je veux faire toutes les routes de l’Amérique sur le pouce, en autocar, en train, à pied… Je veux voir la mer de San Francisco !
-- Duemille ! Qu’est-ce que tu racontes ? Tu vas te perdre. Tu ne sais même pas marcher sur la terre ferme. Tu vas te foutre dans un joli pétrin…
-- Et alors ? Je veux me perdre dans l’Amérique pour mieux me retrouver dans la mer… Je veux toute la mer du jazz, du bop, du hip-hop, du blues… J’ai le beat. Je suis le beat de l’heure…
-- Duemille… tu ne sais même pas où j’habite…
-- Si, je sais…
-- Duemille… tu viendras me voir ?
-- Je ne sais pas…
-- …
À suivre… peut-être…
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1. Illustration : Courbet. Mer calme.
Carnet de bord a un nouveau look! Une nouvelle image qui ressemble à la mer, à l'océan...
RépondreSupprimerTous les mots du rêve, de l'imaginaire...
Pour te dire merci, Gaëna!
Oh! Mireille, Mireille... Tout est encore plus joli, si c'est possible. Il faut un bel écrin pour y conserver précieusement tes histoires de voyage et tout...
RépondreSupprimerOui. La route... Le grand voyage. Jack, c'est... Un monde, un univers. Des yeux qui parlent... J'aime tes mélanges et tes potions. Ça fait rêver, comme des reflets sur la mer.
Tiens, tiens, Ti-Jean Kerouac. Un Québécois ou presque. Quelle bonne idée il a, Duemille, de quitter la mer pour mieux la connaître. On dit bien que plus on s’éloigne, mieux on voit la montagne.
RépondreSupprimerBravo pour le nouveau look du carnet, cher Mireille, et pardonnez-moi ma lenteur. Je suis lent à écrire, lent à commenter. Toujours lent.
>Gaëna: Je regarde toutes tes images,tes créations que tu m'as offertes comme ça, si gentimment, et je prends la route du rêve, de l'imaginaire. Je voyage, je navigue. La plume croise l'encrier pour murmurer de folles histoires de chevaliers, d'explorateurs, de pirates, de marins, de musiciens...
RépondreSupprimerLa plume conte les voyages du Québec à « somwhere nowhere over ailleurs... » Mais, toujours avec une petite base de concret!!!
Mais, ce dont je me souviendrai surtout, encore et toujours, c'est ton infinie patience afin que je puisse mettre au soleil, l'oeuvre de l'humble petite coccinelle...
Quelle cavale virtuelle incroyable! Le résultat est bien réel. Et le voyage se poursuit...
Merci noble dame.
>reading is dangerous: Duemille veut prendre la route, le vent du jazz... Il est vrai qu'un peu de recul nous ouvre les yeux sur une autre dimension. Voir d'autres univers, des chansons de geste différentes. Cela me semble sage... Oui. Jack est dans les parages.
J'adore la lenteur. Celle de Kundera, celle des chats, celle des chiens, celle de Lao-Tseu...
Si vous saviez comme je suis un maître de la lenteur...
Je ferai un peu de Tai Chi sur la montagne pour vous, en pensant à vous, cher ami, adepte du temps lent.
P.S: Rue nous a fait parvenir une lettre à la mer. Rue est bien émue de son petit coin juste pour elle et son chien. Elle va bien... Elle ose écrire des petites vagues de bonjour,juste pour nous.
Que la vie est belle...