Il était une nuit,
La deux mille et unième nuit de Shéhérazade.
La suite royale du Ritz à Paris. L’atelier est dans le noir. Seule, une petite lueur émane de la table de travail de l’esclave.
Shéhérazade s’abandonne à la nuit.
Elle est devant le clavier. Toutes les lettres dansent sur le clavier. Tous les mots se forment comme des petites étoiles dans le ciel. Les planètes inventent des phrases. Une Voie lactée raconte une histoire.
Un clair de lune se pose sur la prose. Un éclair de génie dépose une fine rosée sur les lèvres écloses. Un souffle léger s’aventure sur la chevelure de la dame à la belle écriture. Un désir de feu pénètre le nom de la rose. Une flamme à fleur de peau frissonne sur les pétales de rimes roses. Une poésie s’ouvre et sublime l’âme morose.
Shéhérazade s’abandonne au plaisir de la nuit.
Tout le monde attend la deux mille et unième histoire de Shéhérazade. Le sultan attend la deux mille et unième histoire sans fin de Shéhérazade. Sinon, c’est la fin de Shéhérazade !
Et pourtant…
Shéhérazade s’abandonne au désir de la nuit sur le clavier et décide d’écrire un mot terrible…
Ceci est un road-conte.
Poursuivez la route du road-conte…
______________
1. Illustration: Shéhérazade. Virginia Frances Sterret. 1928.
La deux mille et unième nuit de Shéhérazade.
La suite royale du Ritz à Paris. L’atelier est dans le noir. Seule, une petite lueur émane de la table de travail de l’esclave.
Shéhérazade s’abandonne à la nuit.
Elle est devant le clavier. Toutes les lettres dansent sur le clavier. Tous les mots se forment comme des petites étoiles dans le ciel. Les planètes inventent des phrases. Une Voie lactée raconte une histoire.
Un clair de lune se pose sur la prose. Un éclair de génie dépose une fine rosée sur les lèvres écloses. Un souffle léger s’aventure sur la chevelure de la dame à la belle écriture. Un désir de feu pénètre le nom de la rose. Une flamme à fleur de peau frissonne sur les pétales de rimes roses. Une poésie s’ouvre et sublime l’âme morose.
Shéhérazade s’abandonne au plaisir de la nuit.
Tout le monde attend la deux mille et unième histoire de Shéhérazade. Le sultan attend la deux mille et unième histoire sans fin de Shéhérazade. Sinon, c’est la fin de Shéhérazade !
Et pourtant…
Shéhérazade s’abandonne au désir de la nuit sur le clavier et décide d’écrire un mot terrible…
Ceci est un road-conte.
Poursuivez la route du road-conte…
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1. Illustration: Shéhérazade. Virginia Frances Sterret. 1928.
« La vie est un jardin où nous nous sommes égarés, vous et moi, » tape Shéhérazade sur le clavier de son ordinateur. Derrière elle, Le sultan Shâriyâr, son mari, lit à l’écran les mots qui apparaissent en se suivant les uns les autres sans ralentir. « Des milliers de milliers de nuit ont passé depuis ce jour lointain que j’évoquais hier, depuis ce matin glorieux quand vous m’avez enfin pardonnée ce crime commis par une autre que moi, votre première épouse qui, en trahissant votre dignité, chassa de votre cœur toute trace d’amour et de compassion, vous changeant ainsi en un maître cruel qu’aucune de vos victimes avant moi ne put aider à retrouver le chemin d’une paix véritable, la Paix des âmes sœurs, qui est la seule authentique, parce qu’elle est illuminée des feux de la Tendresse et de l’Amitié vraie entre les amants, les époux reconnus par la Loi ; des milliers de milliers de nuit ont passé depuis ce jour où nous vivons l’un baigné par le regard de l’autre, mais cela n’est pas naturel : Notre survie, nous la devons à cet éffrit, ce démon, qui vint le soir-même vous offrir l’élixir de vie (à petite dose) à condition que je continusse à vous distraire de mes récits, vous et lui, » écrit la jeune femme. « Or, il a disparu, ce mauvais esprit, mais pas sans nous laisser cette machine qui lui permet de lire mes mots au fur et à mesure qu’ils s’additionnent ici, que vous lisez simultanément vous-mêmes, Shâriyâr Sultan, mon époux, mon amour, ma vie ! Mais, je vous le dis à tous les deux, je l’écris ici, maintenant, ça suffit ! Assez ! Assez d’histoires et de récits, assez de contes et de légendes, assez de ces mystères traduits par des chansons interminables, des poèmes sans fin ! Assez, et tant pis ! tant mieux ! si cela signifie enfin que nous quitterons vous et moi ce jardin de la vie dans lequel nous nous sommes égarés ! »
RépondreSupprimerShéhérazade se retourna vers le sultan, et dit : « Assez ! Mourrons ! », mais l’homme la supplia, « Shéhérazade, ma chérie, je sais que tu en marres de notre vie, de cette vulgaire demeure, que dis-je ? de cette poubelle qu’on appelle le Ritz, je sais ! je sais ! Je sais que tu en as assez de tout cela, de moi aussi, de cette vie, mais je t’en supplie, je t’en supplie d’écrire encore un conte, un seul, le dernier. Si tu le veux bien, nous ne mourrons pas avant après-demain. »
Shéhérazade, qui aimait son mari (malgré les dires de celui-ci), poussa un soupir et se retourna vers le clavier, et puis elle tapa ses mots, « Il était une fois… »
La deux mille et unième nuit d’un efrit.
RépondreSupprimerLes catacombes invisibles et périlleuses du Ritz à Paris. Les fosses lugubres sont dans les ténèbres. Seul, un léger parfum interdit s’évapore du tombeau du jardin gardien de la nuit des temps.
L’efrit s’effrite dans la nuit de Shéhérazade.
Il est dans le clavier. Il manipule toutes les lettres qui dansent sur le clavier. Il déforme tous les mots. Il éventre les phrases. Il détruit la liberté de l’histoire.
Une nuit sans lune voile la prose. Le génie du mal transpose le silence sur les lèvres closes. Une bise démentielle s’impose dans la chevelure de la dame à la belle aventure. Un désir de braise empoisonne le nom de la rose. Un buisson d’épines à mine patibulaire crayonne sur les dédales de la déprime mille et une choses à l’eau noir et rose. Une cacophonie explose et indispose l’âme morose.
L’efrit s’effrite des plaisirs de la dernière nuit de Shéhérazade.
C’est la fin de la musique exquise de Shéhérazade.
Et pourtant…
« Les frittes, » écrit Shéhérâsade, « m’effraient depuis ce jour frileux de février lorsque le frère de Frida me dit franchement de quoi elles sont faites : « frôment, fromage, fricassée de foie de frissonnette à flanc de fange fricotée de franfreluche à fracasser les fortes figues des Figaro et Figarette qui flirtent avec ma frangine, » car j’ai compris que ce pauvre garçon était devenu fou.
RépondreSupprimer– C’est vrai ? demande Shâriyâr, le mari de Shéhérâsade.
– Mais non, c’est une histoire que j’invente pour l’éffrit, répond Shéhérâzade.
– Mais qu’est-ce qui se passe ensuite ? demande le sultan.
– L’insulter en lui disant qu’il est fou risquerait d’énerver le frère de Frida, alors…
– Un instant, dit le sultan. Comment s’appelle-t-il ?
– Qui ? demande Shéhérâzade.
– Le frère de Frida, dit le sultan.
– Frédéric, dit Shéhérâzade.
– Frédéric ? dit le sultan.
– Frédéric, répète Shéhérâzade.
– Frédéric, dit le sultan.
– Bah oui, pourquoi ? demande Shéhérâzade.
– Je ne sais pas, dit le sultan, et il va au bar chercher une bouteille de cognac arménien.
– Tu m’avais promis d’arrêter de boire, dit Shéhérâzade.
– Ça n’a pas plus aucune importance puisque l’histoire de Frédéric et de Frida sera ton dernier conte, et que l’éffrit, après-demain, quand nous lui annoncerons que tu n’écriras plus, ne nous donnera plus notre dose quotidienne d’élixir de vie, dit le sultan.
– Ce n’est pas une raison pour recommencer à boire, dit Shéhérâzade,
– Moi, je pense que oui, dit le sultan, et il avala une rasade de cognac.
– C’est insultant, dit Shéhérâzade.
– Je ne vois pas pourquoi, dit le sultan.
– Dans ce cas, je te l’expliquerai en te racontant une nouvelle histoire demain, dit Shéhérâzade, et elle et son mari allèrent se coucher, car le soleil venait enfin de se lever.
Ce soir,
RépondreSupprimerShéhérazade n'a qu'une seule chose à raconter
Une seule chose à partager
Shéhérazade veut tout simplement saluer ses amis de l'Arménie
Bonne nuit
Belle Arménie
La dernière nuit d'un efrit, peut-être...
RépondreSupprimerFrida et Frédéric se rendent au bistro La chic fritte. Sur la route, ils croisent un étrange personnage. Il est vert. Vert comme une frite cuite à l'huile de pistache...
le curieux petit bonhomme titube, tombe dans la Seine. Il va se noyer.
Et pourtant, Frida et Frédéric ne bougent pas. Ils regardent l'efrit se débattre dans l'eau.
L'efrit crie dans la nuit. Et pourtant...