le mystère du tipi jaune # 5

Je vois très bien Mlle Stangerson rentrer dans le pavillon, pénétrer dans sa chambre pour poser son chapeau et se trouver en face du bandit qui la poursuit. Le bandit était là, dans le pavillon, depuis un certain temps.
Gaston Leroux
. Le mystère de la chambre jaune.

D’un commun accord, François et moi, nous décidâmes de garder le silence sur le mystère de la chambre jaune de monsieur Marran ainsi que sur celui moins terrible de mon tipi jaune.

Nous rapportâmes les lettres dérobées du trublion par le fils de monsieur Marran. Nous inventâmes une histoire de dissociation de la matière grise de votre humble serviteur. Puis, par un tour de l’illusionniste prodigieux, les lettres se retrouvèrent dans ma besace, sur mon lit de camp, au cœur du tipi jaune.

Le clan n’y vit que du feu ! Le mystère était résolu. Enfin, la disparition des lettres. Pas l’identité de l’énergumène, l’auteur des papiers noirs. Partie remise à la rentrée ! La fête au village s’amorça et dura toute la nuit… ou presque.

François et moi, nous gardâmes secrète notre rencontre avec le fils de monsieur Marran. Nous jugeâmes préférable d’inviter nos nouveaux amis à une réunion plus intime, devant être tenue dans les prochains jours.

Il nous sembla inutile de raconter aux enfants, à nos amis, la triste histoire de ce garçon de douze ans, devenu sourd et muet à la suite d’un traumatisme d’enfance. Il fut brûlé au visage par les fous de la guerre de son ancien village, jadis dans son pays natal… Depuis le drame, il vit dans un monde d’opéra. Il n’entend plus rien, mais se souvient de toutes notes. La folie de la guerre avait détruit le physique. Cependant, l’âme du génie demeurait intacte.

Il nous sembla inutile de conter tous les malheurs de cet enfant qui désormais trouvait le bonheur dans la musique, le cinéma et les livres. Il vivait surtout la nuit, jouait au fantôme et à la Bête-Du-Bon-Dieu… Il s’inventait des Univers afin de découvrir le monde.

Il nous sembla inutile de dire que le fils avait dérobé les lettres uniquement par curiosité, sans aucune malice. Il avait rapporté le trésor dans sa chambre jaune. Il avait composé une musique de circonstance. Puis, il avait remis le concerto à son père. Comme une bouteille lancée à la mer, il avait imaginé une histoire afin de se créer l’illusion de faire partie de notre histoire. Il voulait tout simplement jouer avec nous…

Quelques jours plus tard, les deux gentils voisins vinrent au manoir pour dîner. Ils comprirent bientôt que nous n’avions pas besoin de leurs excuses. Seule leur amitié fut de mise…

Depuis cette étrange chronique du tipi jaune, je nouai une belle complicité avec le fils de l’homme qui pleure. Il me jouait des fugues de Bach à l’orgue. Je lui présentai les bêtes pas si bêtes… Nous nous sommes amusé tout l’été sur les terres du manoir. Évidemment, Cathy-Chien et Tanto-de-Huxley furent complices de nos comédies sur la lande et autour du tipi jaune.

Malgré toutes les guerres, c’est étrange comme les enfants se comprennent….

free music

Commentaires

  1. Mes respects,
    voici une suite toute à fait honorable,
    j'ai vraiment beaucoup aimé.
    Et puis il y a eu comme un passage entre miroir, un ressenti qui donne à ce texte tout un symbole et donne au reste, toute une dimension.
    Est-ce la fin du tipi jaune ?
    en tout cas, je lève mon chapeau *

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  2. >eipho: mes respects, itou!

    Vous avez le coeur sur la main. Il y a eu un passage vers un paysage fantastique, un petit voyage parmi les enfants de la guerre. Et un sourire aux gens de la paix.

    C'est la fin des vacances dans le tipi jaune et le retour à l'école vers d'autres aventures!

    Chapeau également pour vos créations complètement saugrenues!!!

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  3. Moi, je ressens une petite nostalgie... La fin des choses. Oui, le regard tourné vers demain... Mais les fins ont toujours cette aura du passage qui donne au coeur des moments nostalgie.

    Sourire.

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  4. >gaëna: Votre regard est juste. C'est l'art du mouvement. La fin d'un mouvement annonce le début du prochain.

    Un passage de la Mer
    Une suite de sourires.

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