Dialogues pas si bêtes # 2

TOBY-CHIEN : Uiii… uiii… Te voilà ! Enfin, enfin ! Je m’ennuie tant sans toi ! Tu m’as exilé, tu ne m’aimais plus… C’est la lampe qui est tombée toute seule. Viens… J’ai très faim. Mais je consentirai joyeusement à ne pas dîner, si tu veux m’emmener toujours, partout, même dans le crépuscule qui me rend triste, je te suivrai, heureux, mon nez fervent au ras de ta jupe courte…
Colette
. Dialogues de bêtes, Le dîner est en retard.

Enfin de vraies vacances ! La maison que mes parents avaient louée pour l’été était située très très loin au nord de mon quartier. Le voyage s’effectua sans encombre jusqu’au petit bonheur promis, en moins de six heures ! Un exploit pour la tribu.

Nous arrivâmes frais et dispos sur les lieux de nos prochaines péripéties. Plus précisément, dans la ville de Saint-André-D’Argenteuil. La rivière du Nord révélait sa chanson de geste dans toute la région. La Chrysler rouge s’immobilisa au seuil d’un véritable petit manoir. Quelle maison imposante! Plus que centenaire, elle fut construite en pierres des champs. L’entrée interminable était bordée de cyprès odorants, de lilas et de rosiers. Des saules et des chênes encerclaient la demeure. Des volets bleus encadraient toutes les fenêtres et semblaient sourire à tous visiteurs.

Je me précipitai à l’intérieur afin d’explorer à fond cette drôle d’habitation. Le grand salon de style victorien pouvait accueillir un troupeau de bison. L’âtre imposant réchauffait toute la pièce. La cuisine me fascina tout de go. Immense, elle me parut issue d’un conte de fées. Des appareils ménagers de toutes sortes étaient à la disposition de la cuisinière. Qui plus est, un étrange petit escalier prenait naissance dans la cuisine et nous guidait vers un antre secret réservé à la bonne. Le stratagème bizarre menait directement à la chambre de la domestique. Quelle chose étrange. Je ne comprenais pas ce privilège. J’aurais bien aimé élire domicile dans ce loft particulier. M’enfin ! Je résolus de poursuivre la visite vers les étages.

Les chambres étaient nombreuses et spacieuses. La salle de bains sentait le lilas et la lavande. Évidemment, j’aurais préféré m’installer dans le gîte de merlin l’enchanteur au-dessus de la cuisine. Mais bon. J’optai pour la bonne entente avec les adultes. Je rangeai mon barda, mes livres, bref, tous mes secrets dans la chambre bleue qui me fut désignée.

J’avais encore plusieurs endroits à découvrir : la piscine, l’atelier, le garage, le potager, le poulailler, et surtout, l’écurie ! D’autant plus que plusieurs rumeurs circulaient au sujet de ce château. Certains patriotes y auraient séjourné. On mentionnait L.J. Papineau, entre autres. De plus, Wilfrid Laurier y aurait fait quelques escales. Du diable ! Cette maison était-elle hantée ?

Toutes ces énigmes trottaient dans ma tête. Cependant, je ne me cassai pas la tronche très longtemps. Dès le premier jour, avant le dîner, en compagnie de Cathy-Chien, je décidai de construire une tente amérindienne devant la demeure mystérieuse. Les fantômes, non merci. Je ne suis pas si bête ! Et puis, je tenais à mon intimité. J’établis mon quartier général dans mon tipi.

Après tout, l’aventure, c’est l’aventure pour une enfant! Et ce n’est pas si bête, ce genre de dialogues pas si bêtes.

Commentaires

  1. ça ne rigole pas, les fantômes de Papineau (du genre malin)
    Et de Laurier (le laurier-rose, ce buisson hanté)

    j’aime bien ce petit tour des couleurs
    Les passages dérobés
    On dirait presque qu’une odeur de cuisine flotte ici

    mais on se retrouve p’tit pitpit
    Un oiseau examinant l’étrange tipee
    La menaçante Chrysler

    et quoi encore ? Des gamins
    En caractères gras. . .

    où est la suite?

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  2. L'odeur de cuisine des fantômes n'est pas loin...

    La suite des gamins non plus!


    À suivre... Peut-être dimanche!

    Pour patienter, allons naviguer un peu...

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  3. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  4. je ne voulais en parler tout de suite mais ce recit, cette description de la cuisine et des passages secrets, cela m'a rappele CROME YELLOW de Huxley (son premier roman)

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