Dialogues pas si bêtes # 1

TOBY-CHIEN, amène : Ah! te voilà, chat ! Eh bien, salue la liberté !

Kiki-la-Doucette, sans répondre, lisse de la langue quelques soies rebroussées.

TOBY-CHIEN : Salue la liberté, je te dis. C’est l’usage. Chaque fois qu’on ouvre une porte, on doit courir, sauter, se tordre en demi-cercle et crier.

KIKI-LA-DOUCETTE : On ?qui, on ?

TOBY-CHIEN : Nous, les chiens.

KIKI-LA-DOUCETTE, assis et digne : Faudra-t-il aussi que j’aboie ? Nous n’avons jamais eu le même code de convenances, que je sache.
Colette. Dialogues de bêtes, le voyage.

Quelquefois, mon père nous faisait la lecture avant la fermeture des feux dans les cabines de la maison. D’emblée, pour le capitaine, lire un passage au hasard d’un de ses auteurs préférés semblait plus sage, car le récit de ses voyages nous faisait tellement rire que nous réclamions la suite avec emphase. Inévitablement, le résultat était abracadabrant : nous demeurions éveillés jusqu’à minuit !

Devant cette réalité, ma mère prenait régulièrement les commandes de l’heure du conte quotidienne. Les chansons douces d’Henri Salvador s’avérèrent plus propices au sommeil recherché…

Néanmoins, le paternel savait également calmer le pont de son navire lorsque les tempêtes de rires déferlaient dans les coursives. Dans cet esprit, mon père optait presque toujours pour un extrait adéquat. Nous eûmes droit à un large éventail de morceaux choisis. Cependant, le livre qui revenait le plus souvent était Dialogues de bêtes de Colette. L’amour des animaux a toujours été présent dans la tribu. Plusieurs auteurs ont écrit de magnifiques ouvrages sur nos amis les bêtes. Il demeure que Colette… a su créer un dialogue incomparable entre nous et les bêtes !

Les réflexions de Toby-Chien et de Kiki-la-Doucettte ont bercé la poésie de mon enfance.

Aussi, lorsque je me retrouvai seule, libre comme Toby-Chien pour ma séance de lecture, je m’efforçai de poursuivre plus loin ce que mon père avait semé dans mon esprit : l’amour de la littérature et des animaux. Je lisais souvent Colette en compagnie de Caty-Chien et de Toc-Toc-Toc- l’écureuil !

Juillet. Toute la maisonnée était en effervescence. Nous partions pour l’été à la campagne. Mes parents avaient la douce habitude de nous extirper du milieu urbain afin de nous amener respirer l’air pur, en pleine nature.

Plusieurs surprises m’attendaient à la maison sous les arbres, au bord de la rivière. Plusieurs bêtes, aux dialogues pas si bêtes, réservaient de merveilleux carnets secrets aux aventurières...

À suivre…

Commentaires

  1. Madeleine de l'instant.

    Les Contes du chat perché de Marcel Aymé.

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  2. Moments inoubliables de tous les instants savourés grâce aux madeleines et aux Marcel aimés de tout temps...

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