Dès mon arrivée dans l’antre de King Kong, je fus terrassée par une angoisse subite. L’odeur était abominable. Tous les primates gambadaient à l’intérieur de leurs enclos respectifs afin que l’on puisse procéder au nettoyage de leurs terrains de jeux extérieurs. Plusieurs espèces étaient réunies sous mes yeux. J’étais fascinée. Cependant, j’avais un petit faible pour…, vous savez qui!
Derrière l’enceinte vitrée réservée au gorille, le gardien s’affairait à nettoyer les petites marques d’amitié de son protégé. Ce dernier semblait s’être volatilisé dans un repaire invisible. Je commençais à le craindre un peu… D’emblée, il me sembla difficile d’approche. Je n’avais peur de rien, mais… un gorille, c’est gros! Beaucoup plus difficile à apprivoiser que le renard du Petit Prince! Décelant ma nervosité, mon père me raconta l’histoire de Mumba, le gorille timide du zoo de Granby. Natif du Congo, il n’avait que quelques mois lorsqu’il fut amené au Québec. Une famille de la région l’hébergea jusqu’à ce que le zoo fût prêt à prendre la relève. Lors de notre visite, il devait être âgé de deux ou trois ans. Chemin faisant, nous nous dirigeâmes vers une petite porte réservée au personnel. Je sentis mes jambes fléchir malgré la hardiesse de mes sept ans : le cousin de mon yéti sur le toit était derrière cet accès… et il grognait en tonnerre de Brest!
Nous pénétrâmes dans la chambre privée du roi, le gorille.
Je n’oublierai jamais ce moment privilégié. Ma première rencontre avec un anthropoïde en captivité. Il était devant moi. Immobile, immense et sage, confortablement assis dans son petit cagibi. Derrière les barreaux de la cage, fortifiés par des grilles de protection, ses mains gigantesques caressaient un petit ours en peluche. À notre entrée dans son domaine, il ne bougea pas… Seuls quelques regards furtifs jetés vers son gardien semblèrent trahir une certaine fébrilité. Notre présence ne sembla pas le contrarier outre mesure. Il demeura calme tout en nous observant de son regard profond et indéfinissable. Le directeur nous avait conseillé de ne pas le regarder dans les yeux afin de ne pas le provoquer. D’accord! Le problème fut que lui ne cessa de sonder mon regard d’enfant!
L’émotion que je ressentis en présence de ce gorille est indescriptible. Il était, là, immense et réfléchi, aucunement abominable. L’homme des neiges africain du Kilimandjaro était orphelin et vulnérable. Je reconnus le regard triste du yéti de Tintin. Malgré ma peur palpable, j’avançai ma main vers le grillage. King Kong approcha son énorme doigt doucement, puis me salua d’un petit tapotement sur la main. Je claquai des dents. Malgré tout, quel bonheur! Je venais de sympathiser avec un gorille.
L’instant d’après, le gardien vint libérer Mumba de son enclos. En rugissant fortement, il sortit. Je pouvais perdre connaissance tranquille… Mon gentil colosse était entre bonnes mains. Bien peu de gorilles connaissent cette chance…
Je n’avais peur de rien… Enfin, jusqu’à ce jour. Depuis cette rencontre, j’ai peur pour la survie des gorilles. Heureusement, le yéti sur le toit du monde éternel de Tintin veille sur mes rêves…
Derrière l’enceinte vitrée réservée au gorille, le gardien s’affairait à nettoyer les petites marques d’amitié de son protégé. Ce dernier semblait s’être volatilisé dans un repaire invisible. Je commençais à le craindre un peu… D’emblée, il me sembla difficile d’approche. Je n’avais peur de rien, mais… un gorille, c’est gros! Beaucoup plus difficile à apprivoiser que le renard du Petit Prince! Décelant ma nervosité, mon père me raconta l’histoire de Mumba, le gorille timide du zoo de Granby. Natif du Congo, il n’avait que quelques mois lorsqu’il fut amené au Québec. Une famille de la région l’hébergea jusqu’à ce que le zoo fût prêt à prendre la relève. Lors de notre visite, il devait être âgé de deux ou trois ans. Chemin faisant, nous nous dirigeâmes vers une petite porte réservée au personnel. Je sentis mes jambes fléchir malgré la hardiesse de mes sept ans : le cousin de mon yéti sur le toit était derrière cet accès… et il grognait en tonnerre de Brest!
Nous pénétrâmes dans la chambre privée du roi, le gorille.
Je n’oublierai jamais ce moment privilégié. Ma première rencontre avec un anthropoïde en captivité. Il était devant moi. Immobile, immense et sage, confortablement assis dans son petit cagibi. Derrière les barreaux de la cage, fortifiés par des grilles de protection, ses mains gigantesques caressaient un petit ours en peluche. À notre entrée dans son domaine, il ne bougea pas… Seuls quelques regards furtifs jetés vers son gardien semblèrent trahir une certaine fébrilité. Notre présence ne sembla pas le contrarier outre mesure. Il demeura calme tout en nous observant de son regard profond et indéfinissable. Le directeur nous avait conseillé de ne pas le regarder dans les yeux afin de ne pas le provoquer. D’accord! Le problème fut que lui ne cessa de sonder mon regard d’enfant!
L’émotion que je ressentis en présence de ce gorille est indescriptible. Il était, là, immense et réfléchi, aucunement abominable. L’homme des neiges africain du Kilimandjaro était orphelin et vulnérable. Je reconnus le regard triste du yéti de Tintin. Malgré ma peur palpable, j’avançai ma main vers le grillage. King Kong approcha son énorme doigt doucement, puis me salua d’un petit tapotement sur la main. Je claquai des dents. Malgré tout, quel bonheur! Je venais de sympathiser avec un gorille.
L’instant d’après, le gardien vint libérer Mumba de son enclos. En rugissant fortement, il sortit. Je pouvais perdre connaissance tranquille… Mon gentil colosse était entre bonnes mains. Bien peu de gorilles connaissent cette chance…
Je n’avais peur de rien… Enfin, jusqu’à ce jour. Depuis cette rencontre, j’ai peur pour la survie des gorilles. Heureusement, le yéti sur le toit du monde éternel de Tintin veille sur mes rêves…
Oh lala!
RépondreSupprimerMais est-ce une vrai, vrai de vrai histoire?
Quelle vie trépidante cette enfant a vécue. Quand je lis ce texte, j'ai l'impression de lire un vrai roman d'aventure. C'est vrai!
Bonjour Surprise!
RépondreSupprimerC'est la pure vérité!Je me rends compte que chacun de nous possède de telles aventures enfouies dans le coeur de notre vie. Ces chroniques humoristiques me permettent de partager certaines d'entre elles avec vous. Je brûle d'impatience de lire les vôtres.
Mumba est toujours au zoo de Gramby! Il est mon témoin principal. Vous n'avez qu'à lui lui rendre une petite visite. Il vous confirmera le tout!
Au plaisir de vous lire!