Un yéti sur le toit # 4

Dimanche matin, un formidable branle-bas de combat eut lieu, au réveil des troupes. Toute la tribu effectua les dernières manœuvres pour la navigation du jour : préparation du pique-nique, vérification des appareils photo, des carnets de notes, etc. Les cales de la gigantesque corvette rouge familiale s’emplirent de coffres, de sacs de voyage et de plusieurs objets inutiles. Les passagers légitimes voyageaient lourd…

Sur le quai du départ, j’expliquai rapidement aux officiers de ma bande le pourquoi de ce périple au zoo de Granby. Puis, émue, je m’engouffrai dans la Chrysler rugissante! Aussitôt, nous larguâmes les amarres. Je profitai de ce long trajet pour approfondir certains passages de mon album Tintin au Tibet. Je comparai les images d’Hergé avec celles du National géographique. Je trépignai d’impatience. Je voulais serrer la main de ce yéti adopté. À cette époque, les études de Jane Goodall sur les chimpanzés et celles de Dian Fossey sur les gorilles de montagnes m’étaient inconnues. Je ne pouvais imaginer l’importance de tels travaux et leurs incidences sur la survie menacée de ces primates. Je n’étais qu’une enfant, en quête d’une rencontre au sommet avec le cousin de mon yéti sur le toit!

Malgré de multiples arrêts impromptus – la visite des toilettes, la vérification de la pression des pneus à quelques stations-service, le café et les journaux achetés en vitesse, les nausées habituelles –, nous arrivâmes tôt au parc d’attractions. Dès que nous passâmes l’entrée de ce lieu étrange, exotique et mystérieux, je sentis mon cœur battre la chamade. Je vénérais toutes espèces animales ou végétales. Je n’avais peur de rien! Je consommai ma boisson gazeuse d’un seul trait. Enfin! J’étais prête à affronter lions, bisons, moutons et Cie, de front! Gonflée à bloc, tel Haddock, j’accompagnai le directeur du zoo et mon père sur les sentiers inédits de cette jungle reconstituée. Mon petit carnet de notes noircissait à vue d’œil : le guépard apprivoisé aimait les bisous, le tigre ne les aimait pas du tout. Les renards dégageaient une odeur insupportable : bisous impossibles.

Je jubilai. Discrètement, je murmurai à mon père que la maison des grands singes se situait à bâbord… et que j’avais un rendez-vous! Complices, mes guides pressèrent le pas. Nous échouâmes dans l’environnement réservé à mon androïde. Catastrophe! Le gorille n’était pas là! Mon yéti brillait par son absence! Gentiment, le directeur me rassura sur cette espèce en voie de disparition disparue du paysage. Il m’affirma que le gorille était à l’intérieur de la maison des primates. Il nous invita à le suivre dans les méandres de cet endroit fort intimidant.

Je n’avais peur de rien… enfin, jusqu’à ce jour.

À suivre…














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