les cahiers rouges

Premier cahier rouge/ Plusieurs événements importants se sont déroulés sur le pont du grand voilier québécois. Certains me semblent bénéfiques à l’équilibre de l’équipage : le retour à la barre de capitaines tels Jean Lemire, cinéaste et biologiste du Sedna IV pour nous mettre au parfum au sujet de notre environnement, le ricochet de Gilles Duceppe au Bloc québécois pour rappeler à Stephen Harper que le Québec navigue sur la langue française, la rentrée de Pauline Marois au Parti québécois afin de calmer un peu les eaux troubles de ces mers durement éprouvées…

Cependant, une tempête se lève sur nos ressources naturelles. Le tsunami de la mondialisation aspire tout sur son passage. De grandes entreprises seront probablement emportées par des intérêts, des vents contraires à notre bien-être, voire notre survie. Ces manœuvres dangereuses me donnent le tournis, un énorme mal de mer… Je souhaite que nos capitaines demeurent à l’écoute de leurs matelots. Je le désire de tout coeur pour l’avenir de notre océan francophone…

Ce n’est pas de la littérature…

Deuxième cahier rouge/La littérature est un arbre, une ressource naturelle qui ne cessent de grandir en nous. C’est l’enfance de nos ressources culturelles. Je me souviens de mes premières rencontres avec les livres. Ces objets porteurs d’histoires ont toujours été présents sur mon carnet de route. Je l’affirme sans gêne : les livres sont dans mes gènes.

La littérature est génétique…

Troisième cahier rouge/Madame Paule Daveluy, conjointe de monsieur André Daveluy, monsieur Bricole, représente mon premier contact véritable avec une auteur. À l’époque, nous étions presque voisins. Cette résidence était remplie d’enfants et de bouquins. Je jouais avec des copains, des enfants d’artistes tout comme moi. Je comprenais que cette dame, cette mère qui nous recevait avec tant de gentillesse, était l’auteur de livres que je commençais à lire. Malgré tout, une certaine distance persistait entre l’écrivain et le livre. Le rêve primait la réalité. Je tenais mordicus à cette chose étrange, que l’on savoure dans les contes… l’imagination, le sel des livres.

Beaucoup plus tard, je pris rendez-vous avec madame Daveluy afin de lui présenter mon premier manuscrit. Je retrouvai la même drôle de maison, les mêmes enfants de poètes; d’autres livres, d’autres rêves, mais, surtout, la même courtoisie. Je conversai longuement avec la gente dame. Le cœur plein d’espoir, je lui confiai mes premiers carnets afin de recueillir ses impressions.

Au bout de quelque temps, le verdict parvint sur le pont de mon voilier. Le cahier manuscrit blanc de neige avait subi une transformation dramatique. Il était rouge comme le petit chaperon rouge! L’imagination avait disparu de mon manuscrit. Il s’en suivit une rouge colère. J’étais déçue. Tous les rêves ne peuvent être mauvais! Je retournai sur les bancs d’école. Je m’efforçai de refaire tous les cours de grammaire possibles. À la fin de cette équipée, un nouveau tapuscrit vit le jour. Mon premier roman d’aventures fut publié…

Le reste, c’est de la littérature




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