M ou la vie dans la montagne 8 : rencontres

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Il suffit de rester tranquille assez longtemps en quelque endroit attrayant des bois pour que tous ses habitants viennent à tour de rôle se montrer à vous. Henry David Thoreau. Walden ou la vie dans les bois. Voisins inférieurs

Voilà une forme scientifique d’observation qui me plaît. Cette technique me ressemble. Entre les pas du randonneur et les pauses du dîneur, la méditation s’impose d’elle-même. Prendre une gorgée d’eau, une ration de noix, une pomme… Instant de repos sur la route. Ce sont ces moments impromptus qui souvent nous offrent des merveilles.

Que ce soit sur les sentiers ou dans les aires de détente, l’observateur garde le cœur ouvert.

Hier après-midi, sur le chemin de Rocky le Rouge dans la colline, je grignotai quelques amandes lors d’une pause. Le ciel ensoleillé offrait une lumière agréable. À ma droite, des bruits de fond incongrus attirèrent mon attention. Je ne voyais rien de significatif. Cependant, le bruit se poursuivait. Craquements, bris de vieilles branches, grattements, pas dans les feuilles. Holà ! Il y a sûrement des bêtes au travail dans cette forêt.

Une silhouette bizarre se détache sur les bois. La bête grimpe le long d’une carcasse d’arbre. Elle creuse des sillons dans l’écorce, l’arrache, projette par terre des tessons d’écorce. Dans ces bois qui ressemblent en tous points à ceux de Perrault et des frères Grimm, je dois m’attendre à tout. Est-ce un ogre à la poursuite d’un petit Poucet ? Une sorcière enragée en quête d’un miroir magique ? J’ose une inquiétude…

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L’inconnue poursuit son manège. Le petit animal, plutôt la bête inquiétante puisse qu’elle présente des proportions assez importantes. La bête noire a le profil fusiforme. Le corps accuse une quarantaine de centimètre, sans compter la queue qui m’apparaît d’égale importance. Elle creuse dans l’écorce et semble se régaler de sa trouvaille. Des insectes probablement. De mon poste d’observatoire, je discerne une tête carrée, des oreilles plutôt rondes et un museau pointu. J’hésite entre le mustélidé et le monstre des frères Grimm.

16082012157 Non. Ce n’est pas un loup ni une orque. Je me crois devant et très près finalement d’un type de mustélidé. Voilà que j’hésite encore entre la martre et la fouine. Je fouine autant que la bête dans mes ressources de naturalistes amateur. Peut-être un pékan ? Non, j’espère que non. Ce pékan est à craindre autant que le carcajou. J’ai écrit une nouvelle à ce sujet. Je vous en ferai découvrir toutes les subtilités cet automne dans un recueil de nouvelles. Nous y reviendrons.

Le dîner de la belle semble terminé. Sans se soucier de ma présence, elle se déplace. De bond en bond, mine de rien, elle se dirige vers moi. Misères ! Je suis seule sur le sentier de Rocky le Rouge. Je ne bouge pas. Soudain, un randonneur se profile à l’horizon. Une jeune mère se promène, sans souci, son nouveau né sur le cœur. Il est tout petit. C’est inouï le nombre de petits enfants qui circulent sur le dos de leurs parents dans la colline. J’admire ce geste, mais je tremble, car la bête ne semble pas craindre les rencontres importunes…

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Je salue la randonneuse… Au même moment, la martre, car il faut bien que je sois ferme dans mes évaluations, l’immense martre disparaît dans les bois.

À suivre

Commentaires

  1. La nature, toujours plus merveilleuse
    que l'idée qu'on s'en fait.

    Belle photo !

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    1. Bonjour Solipold,

      La nature de vos textes reflète tellement d'idées merveilleuses que je ne me lasse de découvrir autant d'imagination.

      Merci!

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  2. Les vents d’automne ont poussé par hasard mon esquif sur vos rivages et, franchissant les premiers sous-bois, j’ai pris plaisir à déambuler rêveur parmi ces racines vénérables...
    Le compagnonnage de Thoreau est toujours exquis.

    Très cordialement

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    1. Bonjour Axel,

      Vents complices et discrets demeurent doux sur les sentiers de l'amitié.

      Les racines littéraires de Thoreau parfument la colline. Ce sont mes compagnes de randonnées. Elles ne trahissent pas ma grande paresse de pas. Je préfère les observer et les entendre rires de mes maladresses dans les bois.

      Merci de votre commentaire,

      Au plaisir.

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