Quelquefois, par un matin d’été, ayant pris mon bain accoutumé, je restais assis sur mon seuil ensoleillé du lever du soleil à midi, perdu en rêve, parmi les pins, les caryers et les sumacs, au sein d’une solitude et d’une paix que rien ne troublait, pendant que les oiseaux chantaient à la ronde ou voletaient sans bruit à travers la maison, jusqu’à ce que le soleil se présentant à ma fenêtre de l’ouest, ou le bruit de quelque chariot de voyageur là-bas sur la grand-route, me rappelassent le temps écoulé. Henry David Thoreau. Walden ou la vie dans les bois. Bruits.
Il y a des gens qui ont le don de vous embêter. Le peuple politique, par exemple, qui par opportunisme, décide de déclencher des élections au milieu de l’été, alors que tout le monde est en vacances… ou encore demeure beaucoup plus intéressé par le visionnement de la jeunesse mondiale en pleine évolution aux Jeux olympiques.
Cela dit, heureusement, il y a des coins secrets de la planète ou les seuls trublions qui croisent notre route ou notre sentier sont les abominables moustiques de tout acabit. Ces petites canailles confrontent le plus robuste des chasses-moustiques, défient toutes les murailles citronnées érigées contre eux et réussissent à perturber la ballade du jour. Je déteste ces bestioles. Aussi, j’offre une ode sincère à tous les chasseurs de moustiques des bois. Les hirondelles, les araignées, les chauves-souris et qui-sais-je encore. J’offre ma plus sincère affection à ces êtres dévoués au bien-être de la nature.
De randonnée en randonnée, je me découvre des talents d’observation insoupçonnés. Je déteste la vitesse. J’aime aller lentement et regarder la vie autour qui s’agite parfois timidement. Le faucon et sa jeune famille me saluent dès mon arrivée sur la falaise. Les heures d’apprentissage de vol semblent porter fruits. Les fauconneaux exécutent des sorties de diverses natures et semblent en parfaite santé.
Les pluies récentes ont redonné du tonus aux étangs, aux ruisseaux et aux sources. Les anoures reprennent leurs chants de gorge à qui mieux mieux, les couleuvres glissent sous les feuilles mortes et sur les pierres de la colline et les oiseaux survolent leur territoire avec plus de passion. Buses à queue rousse, aigles dorés, faucons pèlerins, éperviers, urubus à tête rouge, tous ces grands rapaces observent leur territoire comme de grands seigneurs.
De sentiers en sentier, je me familiarise avec ce petit peuple des bois. Sur les différentes routes, je croise de drôle de personnages. Le plus amusant de ce bestiaire estival habite une vieille souche, près du lac Hertel du centre de la nature. Avec vue sur le lac, ce petit gnome de la colline assure sa suprématie sur la gent des dîneurs du parc. Voilà que je me profile à l’horizon au détour du sentier qui longe le lac. Voilà qu’il se pointe déjà à l’entrée. Debout sur sa demeure, il m’accueille, m’interpelle et me chante un chant d’amour irrésistible. Mon sac à dos à peine posé sur la table, il saute sur le dessus, récite du Shakespeare pour quatre pattes et me regarde langoureusement afin d’éveiller ma sympathie.
Ce petit elfe est un jeune tamia. Je le surnomme Nuttoyou… Nut pour noix… to you, pour lui. À notre première rencontre, ma trousse de survie de quelques heures comprenait un sandwich au beurre d’amandes et confiture à la rhubarbe, des crudités, des bleuets, des barres tendres et des noix. Monsieur grimpa sur mon épaule, puis sur mon bras jusqu’à ma main, celle qui étreignait amoureusement ce délice aux amandes. Évidemment, je partageai ce panini des montagnes avec lui. Ce fut un excellent départ. Cependant, la bête ne fut pas rassasiée pour autant. En fouillant dans mon sac, le tamia comprit rapidement qu’une suite s’avérait possible. Le sac contenant des noix fut rapidement identifié. À peine entamé, étalé sur la table, le trésor s’avéra délicieux pour mon nouvel ami. À quatre pattes dans la boîte à surprise, il s’en donna à cœur joie. Noix de Grenoble, noisettes, arachides, noix de macadam, graines de tournesol et surtout amandes furent rapidement sélectionnées, engouffrées dans les bajoues de secours et remisées dans une cachette secrète.
Depuis ce premier dialogue, je prends soin de mes réserves de noix… Je me transforme en Dîners estivaux pour mon Nuttoyou.
Et puis, il y a certaines rencontres qui nous coupent le souffle… Des rencontres qui semblent réservées au peuple lent de la montagne.
À suivre…
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