Il était un encrier, quelques histoires au long cours à raconter...
Je n’avais pas vu mon vieil ami depuis fort longtemps. Je connaissais son caractère solitaire et ses accès de fièvres diverses. Aussi, étant moi-même fort occupé avec mes nouvelles responsabilités, le temps s’était faufilé sans que nous ayons pris de nouvelles l’un de l’autre.
Le matin du 8 août 1888, très tôt, je décidai de faire une promenade du côté de Baker-Street, histoire de prendre le petit déjeuner avec monsieur Sherlock Holmes avant de me rendre à mon cabinet. Le ciel londonien était gris et une fine pluie tombait sur les passants. Ce climat morose semblait vouloir s’éterniser. J’avais besoin de mettre un peu de couleurs dans cette période estivale. Les bizarreries intellectuelles et les manies obsessionnelles de mon ancien compagnon de chambre me manquaient. Son esprit scientifique singulier mettait à l’épreuve mes propres cellules grises.
Humblement, je déduisis que l’art de Sherlock Holmes n’appartenait qu’à lui. Je me délectai déjà de nos futures conversations au sujet de plusieurs énigmes. J’arrivai promptement au seuil de l’appartement. Je sonnai, puis je gravis les marches d’un pas alerte. La porte de la chambre était ouverte. Visiblement, mon étrange compagnon attendait quelqu’un…
Je devinai à son comportement particulier que son esprit était déjà plongé dans les méandres d’une affaire nouvelle. Une histoire nébuleuse à souhait. Un mystère à la mesure de son talent de détective. Je décidai de m’introduire dans l’antre de cette machine à déduire sans plus de… mystères. Je savais qu’il ne fallait pas l’interrompre dans de tels moments. Je m’assieds dans le vieux fauteuil près de l’âtre et j’attendis que le piètre violoniste repose son Stradivarius et m’offre le thé en guise de prélude à cette nouvelle étude.
-- Mon cher Watson ! Vous prendrez bien un peu de thé en attendant l’arrivée de notre visiteur.
-- Avec joie, mon ami. Je me réjouis que vous n’ayez pas perdu la moindre de vos facultés de déductions. Je suis transi. Ce feu et un excellent petit déjeuner seront appréciés.
-- Oui… Oui… Bien sûr. Madame Hudson. Trois thés et tout ce que vous voudrez pour ce repas matinal.
Je compris que mon vieil ami était plus préoccupé qu’à l’habitude. Je ne me formalisai pas trop de cette fébrilité. Je me dis que de sombres événements devaient lui titiller les méninges.
Je ne me doutais pas de la gravité de mes modestes déductions…
Notre étrange visiteur arriva au même moment que notre petit déjeuner. Du fiacre, il se dirigea aussitôt à la porte d’entrée, sonna et monta calmement les dix-sept marches qui mènent au repaire de l’homme infaillible, celui que l’on vient consulter lorsque rien ne va plus.
-- Bonjour inspecteur Abberline. Mon ami, le docteur Watson se joindra à nous pour cet entretien. Nous vous attendions pour le thé. Un peu de chaleur ne sera pas de refus, je crois…
-- En effet, la nuit fut plutôt rude, courte et terrible. Je dispose de peu de temps. Je me contenterai de vous soumettre les faits étranges qui sont survenus cette nuit dans Whitechapel. Tel que je vous l’ai laissé entendre avant ma venue, cet entretien doit demeurer secret. Mes supérieurs ne sont pas au courant de ma rencontre avec vous. Inutile de vous préciser qu’ils ne croient pas à vos méthodes particulières. Malheureusement, je dois naviguer avec cette réalité… Les derniers événements me semblent si insolites que je prends la liberté et l’entière responsabilité de vous confier les faits.
À ce moment, l’inspecteur Abberline s’interrompit et déposa un sac de papier sur la table. Sans plus de préambule, il délia les ficelles qui l’enrobaient et en extirpa un magnifique… huit-reflets.
À suivre…
___________
1. Illustration: Sydney Paget.
2. Adaptation libre de l'auteure d'après l'oeuvre de Sir Arthur Conan Doyle.
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Le matin du 8 août 1888, très tôt, je décidai de faire une promenade du côté de Baker-Street, histoire de prendre le petit déjeuner avec monsieur Sherlock Holmes avant de me rendre à mon cabinet. Le ciel londonien était gris et une fine pluie tombait sur les passants. Ce climat morose semblait vouloir s’éterniser. J’avais besoin de mettre un peu de couleurs dans cette période estivale. Les bizarreries intellectuelles et les manies obsessionnelles de mon ancien compagnon de chambre me manquaient. Son esprit scientifique singulier mettait à l’épreuve mes propres cellules grises.
Humblement, je déduisis que l’art de Sherlock Holmes n’appartenait qu’à lui. Je me délectai déjà de nos futures conversations au sujet de plusieurs énigmes. J’arrivai promptement au seuil de l’appartement. Je sonnai, puis je gravis les marches d’un pas alerte. La porte de la chambre était ouverte. Visiblement, mon étrange compagnon attendait quelqu’un…
Je devinai à son comportement particulier que son esprit était déjà plongé dans les méandres d’une affaire nouvelle. Une histoire nébuleuse à souhait. Un mystère à la mesure de son talent de détective. Je décidai de m’introduire dans l’antre de cette machine à déduire sans plus de… mystères. Je savais qu’il ne fallait pas l’interrompre dans de tels moments. Je m’assieds dans le vieux fauteuil près de l’âtre et j’attendis que le piètre violoniste repose son Stradivarius et m’offre le thé en guise de prélude à cette nouvelle étude.
-- Mon cher Watson ! Vous prendrez bien un peu de thé en attendant l’arrivée de notre visiteur.
-- Avec joie, mon ami. Je me réjouis que vous n’ayez pas perdu la moindre de vos facultés de déductions. Je suis transi. Ce feu et un excellent petit déjeuner seront appréciés.
-- Oui… Oui… Bien sûr. Madame Hudson. Trois thés et tout ce que vous voudrez pour ce repas matinal.
Je compris que mon vieil ami était plus préoccupé qu’à l’habitude. Je ne me formalisai pas trop de cette fébrilité. Je me dis que de sombres événements devaient lui titiller les méninges.
Je ne me doutais pas de la gravité de mes modestes déductions…
Notre étrange visiteur arriva au même moment que notre petit déjeuner. Du fiacre, il se dirigea aussitôt à la porte d’entrée, sonna et monta calmement les dix-sept marches qui mènent au repaire de l’homme infaillible, celui que l’on vient consulter lorsque rien ne va plus.
-- Bonjour inspecteur Abberline. Mon ami, le docteur Watson se joindra à nous pour cet entretien. Nous vous attendions pour le thé. Un peu de chaleur ne sera pas de refus, je crois…
-- En effet, la nuit fut plutôt rude, courte et terrible. Je dispose de peu de temps. Je me contenterai de vous soumettre les faits étranges qui sont survenus cette nuit dans Whitechapel. Tel que je vous l’ai laissé entendre avant ma venue, cet entretien doit demeurer secret. Mes supérieurs ne sont pas au courant de ma rencontre avec vous. Inutile de vous préciser qu’ils ne croient pas à vos méthodes particulières. Malheureusement, je dois naviguer avec cette réalité… Les derniers événements me semblent si insolites que je prends la liberté et l’entière responsabilité de vous confier les faits.
À ce moment, l’inspecteur Abberline s’interrompit et déposa un sac de papier sur la table. Sans plus de préambule, il délia les ficelles qui l’enrobaient et en extirpa un magnifique… huit-reflets.
À suivre…
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1. Illustration: Sydney Paget.
2. Adaptation libre de l'auteure d'après l'oeuvre de Sir Arthur Conan Doyle.
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Elle est bien libre, l'adaptation, mais elle reste au bon endroit, et tous les détails sont là qui nous ramènent chez celui qu'on voudrait avoir eu comme compagnon...
RépondreSupprimerJe vais tout lire, jour après jour.
Bonjour Reading,
RépondreSupprimerVotre retour me touche autant que celui de Sherlock!
Je vous souhaite de belles poésies sous le ciel de Moscou.
Merci!
Thanks for writting
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