L’inspecteur Abberline prit une gorgée de thé, consulta sa montre de poche et entama son récit :
-- Vers 4 heures cinquante minutes, la nuit du 7 août, un homme résidant au 37, Georges Yard dans Whitechapel remarqua une forme inusitée sur le premier étage de son immeuble. Il se rendait au travail. Néanmoins, il revint sur ses pas et constata avec stupéfaction que le corps d’une femme gisait sur le sol. Il alerta aussitôt le policier qui assurait la garde de ce secteur. Dès son arrivée sur les lieux, le sergent confirma à l’individu que cet événement sortait de l’ordinaire et qu’il préférait convoquer ses supérieurs immédiatement. Dès lors, un formidable branle-bas de combat s’établit dans le quartier. L’alerte générale fut donnée, le docteur Killen convoqué ainsi que votre humble serviteur.
L’inspecteur essuya une goutte de sueur qui naviguait sur son front, reprit un de thé et poursuivit :
-- La dame inerte… reposait couchée sur le dos. Ses jambes étaient repliées vers le bassin et ses jupes relevées. Ses vêtements avaient été lacérés, déchirés avec force et rapidité. La malheureuse avait reçu plus de trente coups de couteau sur le corps, particulièrement au niveau du torse et du bas-ventre… La victime s’appelle Martha Tabran, une prostituée de Whitechapel, âgée de trente-cinq ans environ. La dame est de petite taille et plutôt rondelette. Selon le docteur Killen, la mort est survenue à la suite d’un coup particulièrement violent au cœur. Pour le moment, nous avons interrogé plusieurs personnes en vain… Nous n’avons aucun témoin de l’agression, aucun suspect.
Abberline se pencha vers la table et prit l’étrange chapeau dans ses mains.
-- Ce huit-reflets a été trouvé cette nuit, dans un logement en ruines inoccupé, adjacent aux lieux du crime. Il reposait sur un clou servant de reposoir de fortune. Je trouvai ce fait fort étrange. Je me suis dit que cet objet incongru pouvait mener à quelques pistes…
Sur ce, l’inspecteur remit le huit-reflets sur la table, reprit un peu de thé et consulta sa montre de poche à nouveau en témoignant une légère nervosité. Nous comprîmes que l’heure était solennelle…
À ma grande surprise, Sherlock Holmes demeura silencieux dans son fauteuil pendant plusieurs minutes. Il réfléchit les yeux fermés, prostré sur son siège. Il replia ses jambes vers lui, les enlaça. Au bout d’un certain temps, il se frotta énergétiquement les tempes, respira à fond comme pour reprendre son souffle et ses esprits. Puis doucement, il se leva, fit quelques pas vers la fenêtre avant de s’arrêter brusquement devant son violon…
Ce comportement inhabituel me sembla fort curieux. J’étais horrifié par le récit de l’inspecteur. Ce pouvait-il que mon vieil ami se trouva lui aussi complètement bouleversé par de telles atrocités ? Lui, l’homme sans émotion… Je fus doublement étonné par la magnanimité des paroles de Holmes :
-- Inspecteur Abberline, je vous remercie de votre confiance et de la luminosité de votre récit. Je précise immédiatement que ce crime appartient à Whitechapel, tout comme ce chapeau. Je désire me rendre sur les lieux, voir le corps de la malheureuse ainsi que le sergent responsable de l’alerte. Je souhaite également consulter la liste des témoins et pouvoir examiner à ma guise, ce logement inoccupé adjacent à l’immeuble… Je demeurerai dans l’ombre de cette enquête, bien évidemment, comme convenu. De plus, je vous saurai gré de me laisser ce huit-reflets en guise de pièce à conviction.
-- Évidemment, acquiesça l’inspecteur avant de se lever et de nous convier à le suivre dans Whitechapel.
Blanc comme un drap, je m’engouffrai dans le cabriolet avec mes compagnons. Je tenais à voir de mes propres yeux l’œuvre d’un dément doté d’un effroyable sens de l’humour…
À suivre…
_____________
1. Illustration: Sidney Paget
2. Adaptation libre de l’auteure d’après l’œuvre de Sir Arthur Conan Doyle.
-- Vers 4 heures cinquante minutes, la nuit du 7 août, un homme résidant au 37, Georges Yard dans Whitechapel remarqua une forme inusitée sur le premier étage de son immeuble. Il se rendait au travail. Néanmoins, il revint sur ses pas et constata avec stupéfaction que le corps d’une femme gisait sur le sol. Il alerta aussitôt le policier qui assurait la garde de ce secteur. Dès son arrivée sur les lieux, le sergent confirma à l’individu que cet événement sortait de l’ordinaire et qu’il préférait convoquer ses supérieurs immédiatement. Dès lors, un formidable branle-bas de combat s’établit dans le quartier. L’alerte générale fut donnée, le docteur Killen convoqué ainsi que votre humble serviteur.
L’inspecteur essuya une goutte de sueur qui naviguait sur son front, reprit un de thé et poursuivit :
-- La dame inerte… reposait couchée sur le dos. Ses jambes étaient repliées vers le bassin et ses jupes relevées. Ses vêtements avaient été lacérés, déchirés avec force et rapidité. La malheureuse avait reçu plus de trente coups de couteau sur le corps, particulièrement au niveau du torse et du bas-ventre… La victime s’appelle Martha Tabran, une prostituée de Whitechapel, âgée de trente-cinq ans environ. La dame est de petite taille et plutôt rondelette. Selon le docteur Killen, la mort est survenue à la suite d’un coup particulièrement violent au cœur. Pour le moment, nous avons interrogé plusieurs personnes en vain… Nous n’avons aucun témoin de l’agression, aucun suspect.
Abberline se pencha vers la table et prit l’étrange chapeau dans ses mains.
-- Ce huit-reflets a été trouvé cette nuit, dans un logement en ruines inoccupé, adjacent aux lieux du crime. Il reposait sur un clou servant de reposoir de fortune. Je trouvai ce fait fort étrange. Je me suis dit que cet objet incongru pouvait mener à quelques pistes…
Sur ce, l’inspecteur remit le huit-reflets sur la table, reprit un peu de thé et consulta sa montre de poche à nouveau en témoignant une légère nervosité. Nous comprîmes que l’heure était solennelle…
À ma grande surprise, Sherlock Holmes demeura silencieux dans son fauteuil pendant plusieurs minutes. Il réfléchit les yeux fermés, prostré sur son siège. Il replia ses jambes vers lui, les enlaça. Au bout d’un certain temps, il se frotta énergétiquement les tempes, respira à fond comme pour reprendre son souffle et ses esprits. Puis doucement, il se leva, fit quelques pas vers la fenêtre avant de s’arrêter brusquement devant son violon…
Ce comportement inhabituel me sembla fort curieux. J’étais horrifié par le récit de l’inspecteur. Ce pouvait-il que mon vieil ami se trouva lui aussi complètement bouleversé par de telles atrocités ? Lui, l’homme sans émotion… Je fus doublement étonné par la magnanimité des paroles de Holmes :
-- Inspecteur Abberline, je vous remercie de votre confiance et de la luminosité de votre récit. Je précise immédiatement que ce crime appartient à Whitechapel, tout comme ce chapeau. Je désire me rendre sur les lieux, voir le corps de la malheureuse ainsi que le sergent responsable de l’alerte. Je souhaite également consulter la liste des témoins et pouvoir examiner à ma guise, ce logement inoccupé adjacent à l’immeuble… Je demeurerai dans l’ombre de cette enquête, bien évidemment, comme convenu. De plus, je vous saurai gré de me laisser ce huit-reflets en guise de pièce à conviction.
-- Évidemment, acquiesça l’inspecteur avant de se lever et de nous convier à le suivre dans Whitechapel.
Blanc comme un drap, je m’engouffrai dans le cabriolet avec mes compagnons. Je tenais à voir de mes propres yeux l’œuvre d’un dément doté d’un effroyable sens de l’humour…
À suivre…
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1. Illustration: Sidney Paget
2. Adaptation libre de l’auteure d’après l’œuvre de Sir Arthur Conan Doyle.
//Abberline se pencha vers la table et prit l’étrange chapeau dans ses mains.//
RépondreSupprimerUn étrange chapeau? Nous sommes bien chez Mireille!!! :-)
//nous convier à le suivre dans Whitechapel.
Blanc comme un drap, ...//
Il y a des rencontres et des chocs amusants entre les mots, chez vous.
Et la goutte de sueur qui "navigue" sur le front: C'est encore une preuve: Nous sommes bien chez vous!!!